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La BCE veut contrer le risque de déflation et stimuler l'économie

Le logo de l'euro devant la BCE à Francfort.[AFP Archives]

Déterminée à contrer le risque de déflation et à stimuler l'économie de la zone euro, la Banque centrale européenne (BCE) devrait annoncer jeudi des rachats massifs de dette, notamment de dette publique, mesure aussi attendue que débattue.

 

Version moderne de la planche à billets, un tel programme d'"assouplissement quantitatif" est souvent désigné par son acronyme anglo-saxon "QE".

Déjà utilisé par la Banque centrale du Japon et la Fed américaine, il consiste à injecter des liquidités pour peser sur les taux d'intérêt, afin de relancer l'activité économique et de faire remonter les prix.

En plus des obligations souveraines, l'offensive monétaire devrait inclure des obligations d'entreprises.

De l'avis des spécialistes, le QE à l'européenne, objet de spéculations depuis des mois, est désormais une affaire entendue. "Ce serait l'un des plus grands chocs de l'histoire récente de la politique monétaire si laBCE n'annonçait pas aujourd'hui une forme de QE", estiment les analystes de Capital Economics.

 

Crédibilité en jeu

Le président de l'institution Mario Draghi tiendra une conférence de presse à Francfort à 13H30 GMT après l'annonce de la décision sur les taux à 12H45 GMT. Il n'a pas ménagé ses efforts ces dernières semaines pour convaincre de la nécessité d'une action de grande ampleur.

"Ce n'est pas comme si nos possibilités étaient infinies", a-t-il récemment fait valoir. Avec le principal taux directeur à un plus bas niveau historique de 0,05%, les outils traditionnels semblent épuisés.

Et les autres mesures adoptées jusqu'ici par l'institution - prêts géants aux banques européennes, rachats de certains produits financiers - n'ont pas suffi à faire remonter les prix.

La BCE a pour objectif une hausse des prix légèrement inférieure à 2%. Or en décembre, l'inflation en zone euro est passée en territoire négatif (-0,2%), une première depuis 2009, essentiellement sous l'effet de la chute des cours du pétrole.

La déflation, spirale de baisse prolongée des prix et des salaires et ennemi à abattre pour le gardien de l'euro, semble guetter.

"La crédibilité de son objectif d'inflation serait en sérieux danger et les prévisions d'inflation pourraient baisser encore si la BCE n'agissait pas", prévient Christian Schulz, de Berenberg Bank.

Cette offensive monétaire inédite est tellement anticipée par les marchés qu'elle a déjà eu des effets positifs. Le cours de l'euro par rapport aux autres grandes monnaies a énormément baissé, synonyme de coup de pouce aux exportations européennes. Même chose pour les taux d'intérêt sur les obligations émises par les Etats de l'union monétaire, tandis que les Bourses ont grimpé en flèche.

Carsten Brzeski d'ING juge que face aux attentes très élevées et au risque de déception qui les accompagne, la BCE pourrait rester "volontairement vague" sur le montant du QE, sur lequel ont circulé des montants allant de 500 à quelque 1.000 milliards d'euros.

 

Contours à définir

Le QE a déjà fait couler beaucoup d'encre, tant sur son efficacité que sur ses modalités.

Berlin s'y est résigné au nom de l'indépendance de la BCE mais redoute un relâchement des efforts de réformes des Européens.

Une analyse relativement partagée dans la classe politique allemande. Le QE est "fondamentalement mauvais" et aura "des conséquences dangereuses", a averti jeudi dans la presse le ministre bavarois des Finances Markus Söder, membre du parti conservateur CSU. Celui-ci participe au gouvernement de coalition d'Angela Merkel.

"On a une économie avec une trop faible croissance. La BCE est dans son rôle en mettant en oeuvre des outils", a jugé au contraire sur France Info le ministre français des Finances Michel Sapin.

Ces dissensions obligent le conseil des gouverneurs à chercher le compromis sur les modalités pratiques, et notamment la question: qui rachète quelles obligations et en quelle quantité, qui supporte quel risque ?

Très sceptique, la Bundesbank allemande s'accommoderait sans doute de rachats effectués directement par les banques centrales nationales, afin d'éviter une mutualisation des éventuelles pertes.

Et pour échapper aux incertitudes liées aux élections en Grèce prévues le 25 janvier, où la gauche radicale anti-austérité est donnée favorite, le programme pourrait exclure les obligations grecques, suppute Clemente De Luca, de BNP Paribas.

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