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Le jus de choucroute transformé en carburant

Du jus de choucroute en sédimentation dans la station d'épuration près de Krautergersheim, dans le Bas-Rhin, le 31 janvier 2013 [Frederick Florin / AFP] Du jus de choucroute en sédimentation dans la station d'épuration près de Krautergersheim, dans le Bas-Rhin, le 31 janvier 2013 [Frederick Florin / AFP]

Transformer le jus polluant issu de la fermentation du chou en chaleur et en électricité: cette idée surprenante est devenue réalité dans une nouvelle station d'épuration bâtie près de Krautergersheim (Bas-Rhin), la "capitale" autoproclamée de la choucroute.

Plantée au milieu des champs, la station de traitement des eaux usées du Bassin de l'Ehn est installée depuis un peu plus d'un an dans une zone qui concentre 70% de la production française de choucroute, à une vingtaine de kilomètres au sud de Strasbourg.

Des tracteurs et leurs citernes transvasent dans l'usine flambant neuve le déchet acide que génèrent les choucroutiers locaux, lors notamment de la fermentation des choux coupés en lanières dans des cuves, qui donne la choucroute.

Du jus de choucroute sort du robinet d'une station d'épuration près de Krautergersheim, dans le Bas-Rhin, le 31 janvier 2013 [Frederick Florin / AFP]
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Du jus de choucroute sort du robinet d'une station d'épuration près de Krautergersheim, dans le Bas-Rhin, le 31 janvier 2013
 

Corrosif et très chargé en composants organiques, ce jus qui polluait autrefois les cours d'eau de la région ne peut pas être traité de la même manière que les eaux usées des 27.000 habitants des 11 communes alentours.

"En période de pointe, les effluents des choucrouteries peuvent représenter l'équivalent des eaux usées de 140.000 habitants" en termes de pollution à traiter, explique Clément Ritter, un porte-parole de la Lyonnaise des Eaux, qui exploite le site.

"On a trouvé des bactéries capables de consommer en quelques heures 90% des composants organiques du jus. Et en plus, elles produisent par méthanisation un biogaz d'une excellente qualité", poursuit-il.

Le procédé biologique se déroule dans un "réacteur", une tour verte dressée derrière les grands bassins d'épuration où sont traitées à ciel ouvert les eaux usées du secteur.

Biogaz

Un technicien déverse du jus de choucroute dans une station d'épuration près de Krautergersheim, dans le Bas-Rhin, le 31 janvier 2013 [Frederick Florin / AFP]
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Un technicien déverse du jus de choucroute dans une station d'épuration près de Krautergersheim, dans le Bas-Rhin, le 31 janvier 2013
 

Le biogaz obtenu par la méthanisation est extrait et mélangé à celui que produit par ailleurs la digestion des boues d'épuration du site (matières liquides extraites des eaux usées), via un autre type de bactéries.

Le tout est utilisé sur place pour produire la chaleur nécessaire à plusieurs installations de la station, voire même de l'électricité revendue au réseau EDF.

"Notre principal objectif est d'être autonome en matière de chaleur, mais il nous arrive d'avoir du surplus grâce au biogaz que l'on transforme alors en électricité, quand l'activité choucroutière est au plus haut", explique le directeur du site, Jérôme Fritz.

Au total, le biogaz produit sur un an correspond à la consommation d'énergie de 1.500 personnes.

Selon l'exploitant, qui avait une expérience comparable dans le traitement des effluents d'un brasseur, la station est pionnière dans l'utilisation de cette technique pour traiter le jus de choucroute.

"C'était un pari, pour nous comme pour le constructeur, mais on est satisfaits des premiers résultats", explique Anne Roth-Boucard, directrice du Syndicat intercommunal (Sivom) qui a commandé cette usine pour remplacer deux stations d'épuration devenues obsolètes.

Même si ce jus génère désormais de l'énergie, les choucroutiers n'en restent pas moins facturés pour pouvoir le dépoter dans la nouvelle station.

"On économise sur les frais de transport, parce qu'avant, on devait apporter notre jus jusqu'à la station de Strasbourg", qui le diluait dans l'énorme quantité d'eaux usées qu'elle traite, explique Jean-Luc Meyer, dont l'entreprise est située à deux minutes de tracteur de la nouvelle station.

Mais surtout, "on passe d'un statut de pollueur à une image qui est plus associée au développement durable et ça, c'est bon pour la profession", se réjouit ce gérant de la principale choucrouterie de la zone, qui produit plusieurs milliers de m3 de jus par an.

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