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COP26 : «Les pays du Nord n’ont pas complètement honoré leur engagement»

Sandrine Maljean-Dubois dresse deux enjeux principaux pour cette COP26. [PETER PARKS / AFP]

Organisée à Glasgow (Ecosse) jusqu'au 12 novembre, la COP26 doit permettre de revoir certains enjeux signés lors de l'Accord de Paris. Sandrine Maljean-Dubois, directrice de recherche au CNRS, au sein du Centre d'études et de recherches internationales et communautaires, est revenue pour CNEWS sur les problématiques qui devraient être évoquées lors de l'événement.

Quels sont les enjeux de cette COP26 ?

Il y en a deux. Un enjeu technique d’abord. Il s’agit de finir d’adopter les décisions qui manquent au manuel d’application de l’Accord de Paris lors de la COP21. Ce sont des décisions qui n’ont pas pu être prises et traînent de COP en COP. Ils sont délicats, car ils ont une certaine importance.

Et le deuxième enjeu ?

Il est politique. Les Etats avaient jusqu’au 31 juillet de cette année pour réviser ou actualiser leur contribution nationale initiale. A la suite de l’Accord de Paris, ils doivent toujours la réviser à la hausse. Mais certains pays n’ont toujours pas transmis leurs ambitions, c’est le cas de l’Inde, la Russie ou encore l’Australie. La Chine, qui représente 27% de la pollution mondiale, ne les a rendues que jeudi. Globalement, l’enjeu politique consiste à relever les ambitions des pays.

L’engagement des 100 milliards de dollars par an pour les pays pauvres va-t-il être évoqué ?

Le sujet sera sur la table. La décision adoptée lors de l’Accord de Paris prévoyait qu’un nouveau plancher allait être fixé pour la finance climatique. On devait atteindre 100 milliards, mais nous sommes plutôt à 79 milliards, selon les derniers chiffres de l’OCDE.

Il y a des discussions sur la manière de calculer. Normalement, ce sont des financements nouveaux et additionnels par rapport à l’aide publique et existante. Mais, il n’y a pas beaucoup d’Etats qui ont réorienté leur aide traditionnelle.

Les pays du Nord n’ont pas complètement honoré leur engagement. Leur crédibilité est quelque peu atteinte par le fait qu’ils n’aient pas respecté leur promesse.

Quel sera le rôle de la France dans cette COP26 ?

La parole française est assez respectée. C’est le pays qui a fait l’Accord de Paris, et qui a, en plus travaillé avec la présidence britannique, qui veut réussir cette COP26.

Si à l’échelle nationale, nous avons tendance à croire que la politique est insuffisante, à l’échelle internationale, la France apparaît comme un pays très en pointe.

Certaines voix estiment que c’est perdu d’avance, qu’en pensez-vous ?

Les décisions prises ne sont pas assez ambitieuses. Depuis 2009, on nous dit que c’est la COP du dernier espoir, et chaque année les opportunités sont manquées. Je suis désabusée par rapport à ce processus mais qu’avons-nous à la place ?

Je comprends que l’on considère que ces processus sont longs, mais ils ont déjà permis d’avancer. Sans l'Accord de Paris, d’après les scientifiques nous allions vers 4,5 °C à la fin du siècle. Mais d’après une étude du Secrétariat de la Convention-cadre des Nations unies, les différentes contributions nous amènent aujourd'hui à 2,7 °C d’ici la fin du siècle. Passer de 4,5 à 2,7 n’est pas suffisant, mais c’est positif.

La COP est-elle insuffisante selon vous ?

Nous avons besoin d’une dynamique internationale et pour la créer il faut que tous les Etats soient autour de la table.

Peut-être que nous avons systématiquement besoin d’un événement de haut-niveau avec des leaders. Cet événement pourrait même se dérouler à un autre moment.

Il faut réfléchir à une évolution du processus. Il y a d’autres forums, le G7, le G20, l’Assemblée générale de l’ONU, il y a d’autres lieux dans lesquels on discute du climat et c’est important.

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