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COP27 : pertes et dommages, réduction des émissions de gaz, maintien de l'objectif +1,5°C... Ce qu'il faut retenir de l'accord final

La 27e conférence mondiale sur le Climat s'est achevée ce dimanche avec un accord historique concernant «les pertes et dommages». [JOSEPH EID / AFP]

La conférence internationale sur le climat, qui a pris fin ce dimanche 20 novembre avec plus d'un jour de retard, se termine avec l'adoption d'une déclaration commune, mais au bilan très contrasté. Voici ce qu'il faut retenir de cet accord final.

Fumée blanche dans la station balnéaire de Charm-el-Cheikh. Après plus de trente-sept heures de retard sur le calendrier officiel, la 27e conférence mondiale sur le Climat (COP27) s'est achevée ce dimanche matin avec un accord historique sur les «pertes et dommages» pour les pays les plus vulnérables au réchauffement climatique. Mais cet accord laisse un goût amer quant à la réduction des émissions de gaz à effet de serre et des énergies fossiles.

Un pas vers la création d'un fonds pour les «pertes et dommages»

Ajoutée à la dernière minute à l'agenda, la question des «pertes et dommages» a finalement été le gros dossier de cette COP27. Déjà sur la table lors du Sommet de Rio de Janeiro en 1991, cette revendication des pays du Sud porte sur l'indemnisation par les pays riches, principaux responsables du changement climatique, des dégâts causés par celui-ci dans les pays les plus vulnérables. Ainsi, dans l'accord final retenu ce dimanche, les 196 pays présents ont décidé de créer un fonds pour les «pertes et dommages».

Et d'ici à la tenue de la COP28 l'année prochaine à Dubaï (Emirats arabe unis), la création et la mise en oeuvre de ce fonds de soutien reposent sur un comité dit «de transition» composé de quatorze pays du Sud et dix du Nord. Il sera majoritairement financé par les pays du Nord, toutefois ses sources de financement seront également étendues aux pays émergents, tels que la Chine.

Et d'ores et déjà, une quarantaine de pays se sont engagés lors de ce sommet à mobiliser plus de 350 millions de dollars, «un geste» salué par observateurs et Etats vulnérables. Ils suivent ainsi la voie du Danemark qui avait annoncé il y a quelques semaines une enveloppe de 13 millions d'euros. Une somme encore loin d'être suffisante pour faire face à la crise à venir. Selon l'ONG Réseau Action Climat, les coûts économiques des pertes et dommages pourraient atteindre les 580 milliards de dollars par an dans les pays en développement d'ici à 2030. Et jusqu'à 1.700 milliard en 2050.

L’objectif de contenir le réchauffement à +1,5 °C maintenu

Maintenir le réchauffement climatique à +1,5°C. C'était l'objectif phare de l'Accord de Paris, lors de la COP21 en 2015, mais il est aujourd'hui fragilisé. Car pour qu'il soit réalisable, il faudrait drastiquement réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES), ont souligné les experts du GIEC lors de la publication de leur 6e rapport, en avril dernier.

Or, cet objectif a été une nouvelle fois réaffirmé ce dimanche à l'issue de la COP27, et ce alors que certains grands groupes pétroliers souhaitaient revenir dessus. Néanmoins, les engagements actuels des pays signataires de l'accord ne permettent pas de tenir cet objectif de +1,5°C, ni même celui de contenir l'élévation de la température à +2°C par rapport à l'ère pré-industrielle.

Car en admettant que ces engagements soient intégralement tenus, ils mettraient au mieux la planète sur une trajectoire de +2,4°C à la fin du siècle. Mais au rythme actuel des émissions, la trajectoire tend à aller vers celle plus catastrophique de +2,8°C. Or, à près de +1,2°C de réchauffement actuellement, les catastrophes climatiques se multiplient déjà. 

Un manque d'ambition sur la réduction des émissions de GES

L'autre sujet qui a secoué cette nouvelle conférence pour le climat concerne la réduction des émissions de gaz à effet de serre. En effet, aucune ambition nouvelle n'a été prise en Egypte par rapport à la COP précédente qui s'était tenue en 2021 à Glasgow (Ecosse). Comme l'a d'ailleurs regretté le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres. «Nous devons drastiquement réduire les émissions maintenant, et c'est une question à laquelle cette COP n'a pas répondu», a-t-il déclaré.

D'ailleurs, de nombreux pays ont estimé que les textes proposés par la présidence égyptienne constituaient un retour en arrière sur les engagements d'en relever régulièrement le niveau pris à Glasgow. «Cette COP a affaibli les obligations pour les pays de présenter des engagements nouveaux et plus ambitieux», a regretté Laurence Tubiana, architecte des accords de Paris de 2015.

Une déception également partagée par la France. Dans un communiqué, la ministre de la Transition énergétique Agnès Pannier-Runacher a confié sa déception sur le fait qu'«aucune avancée n’a été obtenue sur la nécessité de faire des efforts supplémentaires de réduction des gaz à effet de serre et sur la sortie des énergies fossiles».

LES ÉNERGIES «FOSSILES» UNE Nouvelle fois à la trappe

Et le dernier rendez-vous manqué de cette COP porte sur les énergies fossiles, que sont le gaz, le charbon et le pétrole. Pourtant principales responsables des émissions de gaz à effet de serre, elles ont été à peine mentionnées dans l'accord final ratifié ce dimanche par les 196 pays. En effet, ce dernier indique seulement que les pays s'engagent à accélérer la réduction de l'utilisation du charbon, mais rien sur le gaz et le pétrole.

Un sujet passé sous silence que regrette la ministre allemande des Affaires étrangères, Annalena Baerbock. Elle s'est dite déçue que la réduction des émissions et la phase de sortie des énergies fossiles aient été «éludées par certains gros émetteurs et producteurs de pétrole».

Toutefois, un effort a été porté sur le développement des énergies renouvelables. Dans ce nouvel accord, elles font désormais l'objet d'une mention inédite aux côtés des énergies à «basses émissions», une expression généralement appliquée au nucléaire.

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