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Karim Benzema, et après ? par Pierre Ménès

Chaque vendredi, Pierre Ménès tient sa "Grosse kronik" dans les colonnes de Direct Matin. [A MEUNIER / ICON SPORT / POUR DIRECTMATIN]

Depuis une semaine, l’actualité sportive est pratiquement passée au second plan. Au niveau international, c’est le scandale de la Fédération d’athlétisme qui secoue avec les révélations de l’Agence mondiale antidopage (AMA). Chez nous, en France, plus modestement, on a Karim Benzema, sérieusement empêtré dans l’affaire de la sextape de Mathieu Valbuena.

Depuis une semaine, on ne parle plus que de cette histoire. Entre sa garde à vue, sa mise en examen, son contrôle judiciaire, son interdiction de s’approcher de Valbuena – ce qui n’est pas simple quand on est censé évoluer dans la même équipe –, l’arrivée comme par miracle des écoutes téléphoniques dans la presse, l’avenir tricolore et judiciaire de l’attaquant du Real Madrid s’assombrit de jour en jour.

Malgré les effets de manche – en même temps il est là pour ça – de son avocat, il faut bien reconnaître que la lecture des écoutes entre Benzema et son ami d’enfance alourdit assez considérablement le dossier du joueur formé à Lyon. Mais quand même, il y a quelque chose de profondément choquant de voir ces écoutes, réalisées par les enquêteurs, sortir dans les médias. Le secret de l’instruction ? Tout le monde s’en fout. Le dossier Benzema est donc devenu à charge avec ces révélations fracassantes, où la loi française, et le Bescherelle par la même occasion, sont joyeusement balayés.

Pendant ce temps-là, Mathieu Valbuena, qui est la victime de ce dossier, mais qui a décidément une fâcheuse tendance à sauter à pieds joints dans toutes les flaques de boue qu’il trouve sur sa route, s’est constitué partie civile. La justice va donc faire son travail. Dans la sérénité ? Pas sûr. Sur le plan sportif, c’est un souci plus que sérieux pour Didier Deschamps, car cette histoire touche son joueur numéro 1, ou décrété comme tel, et son animateur offensif.

Le sélectionneur des Bleus a habilement pu botter en touche avec la blessure musculaire de Karim Benzema et en expédiant Mathieu Valbuena au repos (sa prestation contre Saint-Etienne a clairement prouvé qu’il n’avait l’air ni fatigué ni sous pression) pour justifier leur absence dans le groupe qui va affronter l’Allemagne et l’Angleterre.Mais à la vitesse de la justice française, il faudrait que les charges s’évaporent à toute allure ou que des pressions soient exercées pour que tout soit réglé avant l’Euro 2016 en juin prochain. A l’heure actuelle, ça paraît hautement improbable.

Quelle attitude va adopter Didier Deschamps ?

Et quand bien même. Depuis son arrivée à la tête des Bleus en juillet 2012, Deschamps se veut intransigeant avec le comportement, l’état d’esprit, l’image donnée par les Bleus vers l’extérieur. On l’a déjà connu intransigeant avec d’autres joueurs. Quelle sera son attitude s’il peut rappeler Benzema au tout dernier moment. Ou sera l’équité ? Comment le groupe, qui fait, bien obligé, genre d’être solidaire, réagira-t-il ? Beaucoup de questions et encore des soucis avec les blessures de Nabil Fekir ou récemment de Dimitri Payet, même si le milieu offensif de West Ham était régulièrement écarté des dernières sélections pour des problèmes de comportement qui font un peu pouffer de rire aujourd’hui.

Sur le plan de l’image du football, c’est une catastrophe. Comme si depuis la Coupe du monde 2010 en Afrique du Sud et Knysna, l’équipe de France était frappée d’une sorte de malédiction. Comme si à chaque fois, un nouvel élément nous ramenait à la case départ. Parce que si la culpabilité de Karim Benzema n’est pas démontrée, vous savez la fameuse présomption d’innocence, celle de son entourage et notamment de son ami d’enfance, déjà écroué dans ce dossier, est avérée. Etre une star du sport, ou d’autre chose d’ailleurs, être adulé et riche comporte bien des avantages. Mais aussi des devoirs, une certaine forme de retenue et de contrôle sur les gens qui entrent dans votre vie. Et qui peuvent vous faire tant de mal.

Heureusement, dès ce soir, les Bleus affrontent le champion du monde allemand au Stade de France. L’occasion de penser à autre chose. Et surtout de montrer autre chose. Et ça ne fera pas de mal.

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