En direct
A suivre

Tabac: les buralistes "effarés" par la proposition Bur sur leurs revenus

Que les buralistes ne soient plus payés en fonction de leurs ventes de cigarettes : c'est l'une des propositions les plus innovantes du rapport Bur contre le tabac, qui laisse ces commerçants "effarés" et d'autres acteurs du secteur "inquiets" sur l'avenir des 28.000 débitants[AFP/Archives]

Que les buralistes ne soient plus payés en fonction de leurs ventes de cigarettes : c'est l'une des propositions les plus innovantes du rapport Bur contre le tabac, qui laisse ces commerçants "effarés" et d'autres acteurs du secteur "inquiets" sur l'avenir des 28.000 débitants.

Le député (UMP) veut faire baisser de 30 à 15% la proportion de fumeurs en France, et estime que cela passe notamment par le fait de déconnecter ventes et revenus des buralistes, ces commerçants indépendants qui disposent du monopole de vente du tabac.

Il reprend une réflexion de la Direction de la sécurité sociale qui estime que "la rémunération +à l'activité+ est un frein évident (...) à l'encadrement des ventes (par exemple, le respect de l'interdiction de vente aux mineurs, NDLR) (...) et à la modification de la consommation".

Les hausses de taxes et de prix sur le tabac, destinées à faire baisser la consommation, ont aussi conduit à une augmentation "importante du chiffre d'affaires des buralistes", explique M. Bur à l'AFP. En moyenne +35% en 10 ans pour un bureau de tabac dans le Gard et +18% dans le Bas-Rhin.

Patron des buralistes, Pascal Montredon est "effaré" par ces "propositions torchon". "Il veut que les 28.000 buralistes et leurs épouses deviennent fonctionnaires ?", s'interroge-t-il.

"Cette proposition ne tient pas la route. Qui va déterminer notre rémunération ? Sur quelle base ?", interroge-t-il. "C'est une proposition d'un député UMP, insiste-t-il, qui est pourtant le contraire de +travailler plus pour gagner plus+".

D'autant qu'il explique que, si leur chiffre d'affaires de cigarettes augmente, celui lié aux ventes de journaux ou de timbres diminue.

"vendre plus pour tuer plus?"

"Est-ce qu'on peut continuer à vendre plus pour tuer plus", s'emporte Yves Bur, volontiers provocateur. "La France doit faire des choix : celui de la santé publique ou celui du soutien à des commerçants".

Sans donner de solution, M. Bur propose donc de "revoir le statut des buralistes", qui, pour l'instant, touchent 8,5% brut du prix des paquets qu'ils vendent. 80% revient à l'Etat et le reste aux fabricants.

Pour Thierry Lazaro, également député UMP et auteur avec son confrère Jean-Marie Binetruy et le député de l'opposition Jean-Louis Dumont d'un rapport sur le tabac, une telle réforme du statut conduira "inévitablement à la disparition du réseau" alors que c'est "le plus cadré de monde".

Il prône avant tout une "harmonisation des politiques" européennes qui conduisent à des prix de vente identiques en Europe. En Espagne ou en Belgique, les paquets se vendent jusqu'à 30% moins cher qu'en France depuis 2003/2004 conduisant à une explosion des achats transfrontaliers.

De son côté, le porte-parole du cigarettier British American Tobacco Yves Trévilly, relève que le rapport est publié au moment où la session parlementaire s'achève. Aucune discussion n'est possible au Parlement avant la fin de cette législature, ce qui signifie que ce rapport est d'ores et déjà caduc".

Parmi les autres propositions de ce rapport remis jeudi au ministre de la Santé, il faut augmenter le prix des cigarettes, limiter la communication et le marketing des cigarettiers afin de diviser le nombre de fumeurs par deux.

Pour l'élu, le tabagisme est une "tragédie sanitaire", qui provoque 60.000 morts par an en France, 164 par jour "l'équivalent d'un A320".

À suivre aussi

Ailleurs sur le web

Dernières actualités