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Le Sénat préconise d'interdire les cabines à UV

Une cabine à UV. [THOMAS COEX / ARCHIVES AFP / AFP]

Bronzage en cabine, beauté, épilation, implants...: une mission d'information du Sénat, mise en place après le scandale des prothèses mammaires PIP, tape du poing sur la table avec des recommandations allant jusqu'à l'interdiction des lampes à UV.

"Pour éviter un futur scandale sanitaire", la mission d'information du Sénat, portant sur les dispositifs médicaux implantables et les interventions à visée esthétique, a préconisé jeudi dans un rapport l'interdiction des cabines de bronzage "hors usage médical" (traitement du psoriasis, une maladie de peau), en raison d'un risque avéré de cancer de la peau.

"Les UVA (délivrées par les lampes) sont inefficaces, ils ne préparent pas au bronzage naturel, ne synthétisent pas la vitamine D et leur danger, c'est le mélanome", a martelé lors d'une conférence de presse Bernard Cazeau, le rapporteur PS de la mission d'information.

Les cabines à UV sont une activité florissante en France, avec un total estimé à 18.000, tandis que près de 16% de la population française déclarent les fréquenter, selon Chantal Jouanno, présidente UMP de la mission. "Nous avons voulu avoir une approche pluraliste et non moralisatrice" a-t-elle ajouté, en insistant sur l'essor de la médecine esthétique, qui croit à un rythme de 8% par an.

 

Durcissement de la réglementation

C'est la première fois qu'une mission du Sénat se prononce aussi nettement sur les cabines à UV, dont l'interdiction avait déjà été réclamée en mai dernier par deux membres de l'Académie de médecine, et qui est déjà effective au Brésil. La ministre de la santé Marisol Touraine avait annoncé, pour sa part, un durcissement de la réglementation, sans aller jusqu'à l'interdiction.

D'après une récente étude du Bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH), les lampes à bronzage seraient responsables de 19 à 76 décès annuels par mélanome cutané. Le mélanome provoque au total 1.600 décès par an en France (chiffres Inca 2011).

Le rapport intitulé "Santé, beauté, une priorité : la sécurité", adopté à l'unanimité, s'en prend également à la photodépilation par lumière pulsée, qu'il propose d'encadrer strictement, en raison des risques de brûlure de la peau inhérents à cette technique. "A faible intensité, elle est totalement inefficace, et à densité plus élevée, elle peut être dangereuse si elle est pratiquée par n'importe qui" a déclaré M. Cazeau.

L'épilation au laser est d'ores et déjà réservée aux seuls médecins, mais la mission propose d'élargir cette compétence par décret à tous les actes "présentant des dangers sérieux pour la santé", y compris dans les traitements anti-calvitie ou anti-rides par injection.

 

Formation pour la médecine esthétique

Elle préconise également de mettre en place une véritable formation pour les médecins qui veulent se spécialiser en médecine esthétique, comme c'est déjà le cas pour les chirurgiens esthétiques.

Revenant sur le scandale des prothèses PIP, la mission a regretté "les graves lacunes du système européen de contrôle des dispositifs médicaux" qui "ne peuvent plus rester les grands oubliés de la politique de la santé".

Qu'il s'agisse de prothèses mammaires, de hanches ou du genoux, de stents ou de stimulateurs cardiaques, la réglementation est aujourd'hui "essentiellement européenne", a souligné M. Cazeau qui a déploré une certification encore "assez laxiste", en dépit des efforts faits pour la réformer.

Pour y remédier au niveau national, il préconise "un portail unique" de déclaration des incidents, et la mise en place de registres permettant de suivre "la vie" des dispositifs les plus à risque (orthopédie, cardiologie principalement) qui se heurte aux réticences des chirurgiens.

Les patients et le public en général devraient pouvoir avoir accès à des "informations claires et précises" sur des sites comme celui de l'Agence des produits de santé (ANSM), selon M. Cazeau.

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