En Direct

La barbarie exposée au procès de l'A13

Croquis d'audience du procès du meurtre de Mohamed Laidouni, battu à mort sur l'autoroute A13, le 8 avril 2013 à Versailles [Benoit Peyrucq / AFP]
Par Mis à jour le Publié le

"On va vous tuer devant votre mère." La violence du meurtre de Mohamed Laidouni, un imprimeur de 30 ans sans histoire battu à mort sur l'autoroute, est au centre du procès qui s'est ouvert lundi pour deux semaines devant la cour d'assises des Yvelines.

Dans un silence pesant, le président de la cour, Pierre Pélissier, a procédé à la lecture de l'ordonnance de mise en accusation, mettant en avant "la rapidité" des faits "et leur extrême violence".

"Tout le monde s'est défoulé. Il (Mohamed) s'est fait défoncer et piétiner sur le sol", a lu M. Pélissier, relatant le témoignage devant les enquêteurs de l'un des accusés.

"Un des agresseurs avait ses chaussures maculées de sang", a-t-il poursuivi devant les parties civiles, toutes membres de la famille Laidouni.

"Ils frappaient sur la tête de la victime comme sur un ballon de foot et prenaient de l'élan pour taper encore plus fort", a relaté avant l'ouverture des débats Me Francis Szpiner, leur avocat.

Les neuf accusés, originaires des Mureaux (Yvelines), sont jugés depuis lundi pour avoir battu à mort cet automobiliste sous les yeux de sa famille après un banal accrochage sur l'autoroute en 2010.

Les auteurs présumés, dont huit comparaissent détenus, ont pris place sur le banc des accusés peu après 14H00 devant une salle comble. Ils sont poursuivis pour homicide volontaire et encourent 30 ans de réclusion criminelle. Une jeune femme doit répondre de violences volontaires et de non assistance à personne en danger.

L'audience s'est ouverte dans une ambiance tendue. Un important dispositif policier a été déployé autour du tribunal correctionnel de Versailles pour prévenir d'éventuels débordements.

Les faits remontent au 27 juin 2010. Une Renault Clio heurte, vers 01H00 du matin sur une bretelle d'accès qui mène à l'autoroute, la voiture d'une famille qui part en vacances. Les véhicules, légèrement éraflés, s'arrêtent sur la bande d'arrêt d'urgence.

Rapidement le ton monte. La conductrice de 20 ans à l'origine de l'accident refuse d'établir un constat amiable. Un des membres de la famille Laidouni téléphone à la police. Le passager de la Clio décide alors d'appeler des renforts.

Quelques minutes plus tard, une dizaine de personnes de la cité voisine des Musiciens aux Mureaux arrivent sur les lieux. Mohamed Laidouni est violemment projeté contre une glissière de sécurité et roué de coups, notamment au visage, sous les yeux de sa mère, de ses frères et de sa femme. Il succombera à ses blessures le lendemain. Quatre membres de sa famille sont légèrement blessés.

"Ils ont massacré mon mari devant mes yeux pour un simple constat. Tous les jours, je revis les mêmes scènes d'horreur", confiait à l'AFP à la veille du procès, Hanane Laidouni, la veuve de Mohamed.

Les auteurs présumés, alors âgés de 19 à 24 ans, sont pour la plupart déjà connus des services de police. Certains ont été interpellés peu après les faits, d'autres se sont livrés dans les jours qui ont suivi et l'un d'entre eux n'a été arrêté qu'en octobre 2010.

L'accusation met en avant "la volonté d'homicide" des accusés.

Mais leurs conseils soulignent que toute la difficulté pour la cour d'assises va être de déterminer les responsabilités de chacun. "Je ne reconnais pas l'homicide pour mon client, mais des violences volontaires", a souligné M. Jean-Christophe Tymoczko, en marge du procès.

La cour entame l'étude de la personnalité des accusés qui doit se poursuivre mardi. Le verdict est attendu le 19 avril.

Ailleurs sur le web