En direct
A suivre

Guyane: soupçon de falsification du dossier pour un permis minier

La forêt guyanaise, près de Dorlin, le 1er décembre 2012 [Jody Amiet / AFP/Archives] La forêt guyanaise, près de Dorlin, le 1er décembre 2012 [Jody Amiet / AFP/Archives]

Une enquête a été ouverte par le parquet de Cayenne pour "faux et usage de faux" concernant des documents d'impact écologique versés au dossier qui a débouché sur l'attribution d'un permis minier dans le Parc amazonien en Guyane, a-t-on appris jeudi.

Le procureur de la République de Cayenne, joint par l'AFP, a confirmé une information du site Mediapart.

Ce permis d'exploitation de mines d'or en faveur de la société Rexma, décidé sous le précédent gouvernement mais finalement publié fin 2012 par Arnaud Montebourg, ministre du redressement productif, n'en finit pas de créer des remous en Guyane depuis que l'enquête publique a conclu à un avis favorable en 2009 au grand dam des défenseurs de l'environnement.

"Une enquête préliminaire pour faux et usage de faux a été ouverte début juillet dans le cadre du dossier d'enquête publique déposé à la préfecture par Rexma", a déclaré à l'AFP Ivan Auriel, le procureur de Cayenne.

"Nous avons été informés qu'il existait une possibilité de faux dans les documents d'expertise environnementale déposés par Rexma", a-t-il précisé.

Après s'être procuré le document original auprès du bureau d'étude et l'avoir comparé au document en possession des services préfectoraux de la DEAL (Direction de l'environnement, de l'aménagement et du logement), "nous nous sommes aperçus de changements fondamentaux en faveur de l'implantation de Rexma sur le site" de la crique Limonade, a affirmé le procureur.

"Il nous faut déterminer à quelle date a été fait ce faux et qui pourrait en être l'auteur", a ajouté M. Auriel, qui a confié l'enquête à la section de recherches de la gendarmerie de Cayenne, spécialisée dans les infractions liées à l'orpaillage et dans l'environnement économique de cette activité.

Les premières démarches de Rexma pour exploiter la crique Limonade, sur le territoire de la commune de Saül (centre) dans une zone normalement non autorisée au développement d'activités minières, datent de 2008. L'autorisation d'ouverture des travaux n'a toujours pas été délivrée par le nouveau préfet de Guyane, Eric Spitz.

Christian Roudgé, coordinateur de la fédération Guyane Nature Environnement, a relevé que le document global du cabinet d'étude "mettait en évidence la richesse exceptionnelle de ce secteur de Limonade en terme de biodiversité et étrangement ne mettait pas en évidence les impacts néfastes d'un pojet industriel minier".

"Une annexe du document était consacrée à la faune et à la flore. Ces inventaires tendaient plutôt vers la création d'une réserve naturelle que d'une mine industrielle !", a souligné M. Roudgé auprès de l'AFP, et "malgré cela, les conclusions déclaraient que les impacts de ce projet minier seraient quelque part négligeables".

"On va laisser la justice faire son travail mais depuis le début de cette histoire, nous avons une certitude, c'est que ce n'est définitivement pas le bon endroit pour un projet lourd et destructeur de ce type", a conclu M. Roudgé.

À suivre aussi

Ailleurs sur le web

Dernières actualités