En direct
A suivre

Noyades : la série noire continue

Un sauveteur à Carnon le 30 juillet 2013 [Sylvain Thomas / AFP/Archives]

Quatorze personnes se sont noyées en mer, en rivière ou sur des plans d'eau depuis vendredi : la série noire des noyades s'allonge depuis le début de la saison estivale, relançant le débat sur la répression des comportements imprudents.

Par ailleurs, un homme d'une trentaine d'années, qui avait été secouru jeudi sur une plage de Moliets-et-Maa (Landes), est mort dimanche à Mont-de-Marsan, où il avait été hospitalisé.

Son décès porte à 91 le nombre de personnes qui se sont noyées depuis début juillet, dont 34 sur le littoral.

 

Une verbalisation des baigneurs "compliquée"

L'Hérault, prisé pour ses stations balnéaires, paie un lourd tribut, avec 10 accidents mortels en un mois. Pour la seule journée du 28 juillet, sept hommes, âgés de 42 à 73 ans, avaient été emportés par une forte houle dans ce département, alors que les drapeaux rouge ou orange étaient hissés.

Un sauveteur surveille la baignade à Carnon le 30 juillet 2013 [Sylvain Thomas / AFP]
Photo
ci-dessus
Un sauveteur surveille la baignade à Carnon le 30 juillet 2013
 

Face aux vacanciers qui refusent de sortir de l'eau lorsque le drapeau rouge est bien en vue, le préfet Pierre Bousquet de Florian a invité les treize maires des communes du littoral à verbaliser les imprudents par une contravention de 11 à 33 euros, en vertu de leurs pouvoirs de police.

Pour Frédéric Loiseau, directeur de cabinet du préfet, cette possibilité permet de faire face "aux gens les plus récalcitrants, de répondre à des situations extrêmes, comme le week-end dernier où des sauveteurs ont été pris à partie".

La verbalisation paraît toutefois "un peu compliquée" à mettre en œuvre, estime Christian Jeanjean, maire UMP de Palavas-les-Flots (Hérault), qui préfère renforcer la prévention, "l'éducation" sur les plages.

Laurent Sagnimorte, chef de secteur de la Société nationale de sauvetage en mer (SNSM) sur trois communes du département, ne cache pas "sa colère" face à l’attitude de certains. "Il faut choisir les baignades surveillées, quand le drapeau est hissé en haut du mât", dit-il, rappelant que 80 % des noyades ont lieu en dehors des zones ou des horaires de surveillance.

"Les gens ont l’impression qu’on leur vole leurs vacances, ils ne sont pas conscients des risques", affirme Eric-Daniel Delbourg, responsable des maîtres-sauveurs CRS sur l'Hérault, qui a comptabilisé huit infractions depuis le début de la saison, et aucune pour non-respect des consignes de sécurité en cas de drapeau rouge.

En visite à Mimizan-Plage (Landes) cette semaine, le ministre de l'Intérieur Manuel Valls, interrogé sur l'éventualité de sanctionner des vacanciers, en mer comme en montagne, avait prudemment répondu qu'il fallait "étudier de plus près" cette piste, tout en reconnaissant que "ce n'est pas facile pratiquement".

 

Pinel y pense

La ministre du Tourisme, Sylvia Pinel, n'a pas écarté une verbalisation des personnes qui font fi d'un drapeau rouge flottant sur leur lieu de baignade, alors que quinze personnes se sont noyées en mer, en rivière ou sur des plans d'eau depuis vendredi en France.

"Il faut qu'il y ait beaucoup plus de prise en considération de la responsabilité des parents et de l'ensemble des personnes qui vont à l'eau alors que les drapeaux sont rouges", a commenté la ministre sur RTL.

Interrogée sur l'opportunité de verbaliser ceux qui ne respectaient pas ces mises en garde, Mme Pinel a répondu: "Cela peut passer par là mais je souhaite surtout qu'il y ait une prise de conscience collective".

Selon elle, il s'agit d''une responsabilité collective. Chacun doit prendre conscience que c'est un comportement dangereux quand on ne respecte pas les règles de sécurité". "Il n'est pas normal que les vacances se transforment en drame, en désastre dans des familles qui resteront meurtries par de telles noyades".

 

Des balises en Aquitaine

D'autres collectivités ont choisi la technologie pour éviter les drames. L'Aquitaine a mis en place cet été un dispositif, présenté comme unique en France, de 417 balises géolocalisées, installées tous les 500 mètres entre les plages de Soulac (nord de la Gironde) et Tarnos (sud des Landes), afin d'offrir aux secours des repères précis en cas de noyade. Il est encore trop tôt pour faire un bilan de ce dispositif, selon Arnaud Leymarie, responsable des maîtres-nageurs sauveurs CRS sur les Landes et le Pays basque.

En 2012, 497 personnes se sont noyées entre le 1er juin et le 30 septembre, selon l’Institut de veille sanitaire.

Un Français sur cinq ne sait pas nager (28% des femmes et 14% des hommes), d'après les chiffres du Baromètre Santé 2010 de l’Inpes (prévention et éducation sanitaire), qui propose sur son site une brochure "Mode d’emploi de la baignade" (www.inpes.sante.fr).

 

L'été, quatre personnes meurent chaque jour par noyade

Pinel n'exclut pas de verbaliser des imprudents

 

À suivre aussi

Ailleurs sur le web

Dernières actualités