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Pour le veilleur de l'hôtel Paris-Opéra, "le pyromane c'est pas moi"

Croquis d'audience montrant Rachid Dekali, Fatima Dekali, Fatima Tharour et Nabil Dekali lors de leur procès à Paris le 14 novembre 2013 [Benoît Peyrucq / AFP] Croquis d'audience montrant Rachid Dekali, Fatima Dekali, Fatima Tharour et Nabil Dekali lors de leur procès à Paris le 14 novembre 2013 [Benoît Peyrucq / AFP]

Le veilleur de nuit du Paris-Opéra a nié vendredi sa responsabilité directe dans l'incendie qui a fait 24 morts parmi les occupants de cet hôtel, principalement des familles étrangères précaires, en avril 2005.

"J'avais fait la fête mais j'étais opérationnel. Deux, trois verres de whisky, un peu de champ', la ligne de coke m'a réveillé immédiatement. Un trait, deux traits, et c'est comme le GIGN", a lancé Nabil Dekali, par ailleurs fils des gérants, au deuxième jour du procès devant le tribunal correctionnel de Paris.

Il lui est reproché d'avoir, en raison de son état, tardé à prévenir les secours, et de n'avoir pas su, faute de formation, les gestes de sécurité à faire après que sa petite amie de l'époque, Fatima Tahrour, irritée par son comportement, eut jeté des habits sur des bougies dans la pièce où elle l'attendait, déclenchant le sinistre.

Mais pour Nabil Dekali, aucun doute. Comme il l'a dit à son frère, descendu du 6e étage où il habitait, "la pute, elle a mis le feu et elle s'est barrée".

Il assure avoir fait tout ce qu'il pouvait quand l'alarme a sonné, attaquant le feu avec un premier extincteur qui n'a pas fonctionné, puis un deuxième, déjà trop faible vu l'ampleur des flammes. Et s'il n'a pas téléphoné aux pompiers, c'est qu'il n'y avait plus d'électricité, qu'il ne trouvait pas son portable et qu'il "était plus judicieux d'appeler les pompiers des Galeries Lafayette, qui se trouvaient à 10 mètres".

Les sapeurs-pompiers ont ensuite dit qu'il avait gêné leur travail? Les policiers ont noté son comportement irrationnel, quand il est remonté tenter de chercher sa belle soeur (elle est morte, il est tombé du toit et a fait deux ans d'hôpital)? "Il y avait 28 fenêtres ouvertes avec des gens qui s'accrochaient et qui voulaient sauter (...) Les pompiers ils ne faisaient pas ce qu'ils devaient faire, ils n'étaient pas actifs, regardez le nombre de morts, Monsieur le président. Moi j'ai essayé de sauver des gens."

"On se sent insultés"

Le ton monte lors des questions de l'avocat de l'association des victimes (Avipo), Henri Leclerc.

- Dans votre état, est-ce que vous auriez conduit?

- Boire ou conduire, il faut choisir. Non.

- Et vous étiez chargé de la sécurité de 80 personnes!

Comme à plusieurs reprises, le prévenu s'emporte sur le même thème: "On juge ma toxicomanie, mon alcoolémie, mais c'est pas moi qui ai allumé le feu, les bougies et jeté des vêtements dessus! La pyromane elle est assise là, à côté de moi!"

La seule responsabilité qu'il se reconnaît, c'est d'avoir refusé de rejoindre "Fifi", qu'il avait pourtant appelée pour une de leur soirées "charnelles". "C'est là qu'il y a eu un petit caca nerveux dans sa tête, elle a pété les plombs (...) C'est comme si c'est moi qui avais mis le feu, parce que je suis pas allé la rejoindre elle a fait ça..."

Mais Fatima Tahrour, interrogée à nouveau sur ses motivations et la portée de son geste, ressasse la même réponse que la veille, un acte "irréfléchi" et dont elle n'a pas mesuré les conséquences.

Dans la salle, les survivants du drame ne cachent pas leur frustration. "On se sent insultés. Nous on voyait bien comment ils étaient! Mais comment on peut nous confier à des gens comme ça", soupire Adama Koné, président de l'Avipo, qui a perdu sa femme enceinte et un de ses deux jeunes enfants. La plupart des familles étaient envoyées par le Samu social ou d'autres institutions.

Le procès est prévu jusqu'au 22 novembre. Le fils et son ex-petite amie encourent trois ans de prison pour homicide involontaire, les gérants cinq, avec la circonstance aggravante de manquement délibéré aux règlements.

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