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Gardasil: la "vie gâchée" de Marie-Océane et son combat "pour les plus jeunes"

Marie-Océane Bourguignon (c), qui a déposé plainte contre les graves effets secondaires qu'elle impute au vaccin Gardasil, entourée de ses parents, le 22 novembre 2013 à Bordeaux [Jean-Pierre Muller / AFP] Marie-Océane Bourguignon (c), qui a déposé plainte contre les graves effets secondaires qu'elle impute au vaccin Gardasil, entourée de ses parents, le 22 novembre 2013 à Bordeaux [Jean-Pierre Muller / AFP]

"Que les plus jeunes ne subissent pas ce que j'ai vécu." En une phrase, Marie-Océane Bourguignon, 18 ans, résume le combat judiciaire qu'elle entame contre le Gardasil, le vaccin contre le cancer du col de l'utérus responsable à ses yeux des graves problèmes neurologiques qui ont "gâché" sa vie.

Trés émue, aux côtés de son avocat Me Jean-Christophe Coubris et de ses parents Jean-Jacques et Evelyne, la jeune femme au visage rond et longs cheveux bruns a raconté lundi son calvaire, lors d'une conférence de presse à Bordeaux, au cabinet de l'avocat.

Face à un à mur de micros et de caméras, elle peine à trouver ses mots, ses phrases s'abîment souvent dans des sanglots et ses parents l'aident fréquemment à trouver ses mots.

Le drame, tel que les Bourguignon l'expliquent, débute en septembre 2010 : l'adolescente, qui a alors 15 ans, vit près de Dax (Landes). Elle pratique la danse, activité pour laquelle elle a besoin d'un certificat médical. Son généraliste en profite pour lui prescrire du Gardasil, vaccin contre le cancer de l'utérus lancé en 2006 par Sanofi Pasteur MSD. A l'époque, la campagne médiatique incitant au vaccin était intense, se souvient Evelyne, 52 ans. Alors, "on a fait confiance". Sa fille acquiesce: "On ne s'est pas posé de questions."

Quinze jours plus tard, Marie-Océane ressent "des fourmillements aux bras et aux jambes". Rien de grave, la rassure un médecin. Mais quelques temps après la deuxième injection, mi-décembre 2010, elle se retrouve "à vomir aux toilettes", en proie à de puissants vertiges. Elle est hospitalisée à Dax, où le lien entre symptômes et vaccin est rapidement évoqué, et signalé à la pharmacovigilance, poursuit son père, 57 ans, cadre chez Orange.

La suite ? Hospitalisations multiples et "attaques violentes" de symptômes proches de la sclérose en plaques : une poussée particulièrement virulente clouera Marie-Océane, aveugle et presque sourde, sur un fauteuil roulant... Et la vie qui s'organise autour de la jeune malade - dont la mère a arrêté de travailler - sa scolarité en miettes et son avenir hypothéqué.

"On attend la vérité"

Aujourd'hui, son état semble stabilisé, même si la jeune fille souffre toujours d'une intense fatigue et de maux de ventre qui rongent son quotidien.

Marie-Océane visait un lycée hôtelier. Trop dur. Elle est actuellement en classe de 1ère Agencement à Bayonne: "Je n'ai jamais fait une semaine entière, je suis tout le temps absente, je me sens tout le temps fatiguée, jamais concentrée (...) C'est usant."

Il y a cinq mois, elle a arrêté son traitement : effets secondaires "trop lourds". "Et à tout moment, elle peut rechuter (...) Et aucun neurologue ne peut prédire" l'évolution de son mal, se désole le père.

Face au malheur qui touche sa fille, Jean-Jacques ne mâche pas ses mots: "J'ai eu la rage (...) Cela a gâché notre vie."

Vendredi, son conseil Me Coubris a déposé plainte au parquet de Bobigny contre Sanofi Pasteur MSD et l'Agence du médicament pour "atteinte involontaire à l'intégrité de la personne humaine".

La plainte s'adosse à une double expertise, commandée par la Commission régionale de conciliation et d'indemnisation des accidents médicaux d'Aquitaine. Selon l'avocat, également en lutte contre l'antidiabétique Mediator et les pilules de 3e et 4e génération, cette expertise a retenu une imputabilité de la pathologie à la vaccination, même si elle estime qu'une éventuelle vulnérabilité génétique a pu jouer. Sanofi conteste l'imputabilité.

Pour les Bourguignon, le sens de leur plainte est très clair : "On dit la vérité. Donc, on attend la vérité (...) de nos labos, de l'Agence du médicament", insiste Jean-Jacques.

Et Marie-Océane de renchérir: "Je veux dire aux plus jeunes d'éviter ce vaccin, qu'elles ne subissent pas ce que j'ai vécu."

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