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Le nombre d'infanticides sous-estimé

Image tirée d'une caméra de vidéo-surveillance, fournie par la police judiciaire le 22 novembre 2013, montrant la mère de la fillette retrouvée morte à Berck-sur-Mer [ / Police judiciaire/AFP/Archives] Image tirée d'une caméra de vidéo-surveillance, fournie par la police judiciaire le 22 novembre 2013, montrant la mère de la fillette retrouvée morte à Berck-sur-Mer [ / Police judiciaire/AFP/Archives]

Le nombre d'infanticides dans les statistiques officielles est "sous-estimé", affirme à l'AFP la pédiatre Anne Tursz, directrice de recherche à l'Inserm et spécialiste de la maltraitance des enfants, après la mise en examen d'une mère pour assassinat à Berck-sur-Mer (Pas-de-Calais).

 

Question: Quelles sont les statistiques en matière d'infanticide?

Réponse: "J'ai fait un travail de recherche sur les morts suspectes de nourrissons. J'ai enregistré sur une période de cinq ans (1996-2000), dans tous les départements de trois régions françaises, tous les décès qui avaient fait l'objet d'une saisine du procureur de la République ou les bébés de moins de un an qui avaient été transférés pour investigation dans des hôpitaux.

J'ai comparé les chiffres que j'obtenais aux statistiques officielles de mortalité, et ça donne des choses assez surprenantes. Dans la période considérée, si on extrapole à la France entière, il y avait dans les statistiques officielles de mortalité en moyenne 17 homicides d'enfants de moins de un an, par an. Moi, avec les chiffres que j'ai trouvés, j'arrive à 255.

La différence est considérable, et je n'ai pas compté les +néonaticides+, c'est-à-dire les homicides des premiers jours de la vie, car ils ne figurent quasiment pas dans les statistiques officielles. Moi j'en avais plein dans mon enquête mais dans les statistiques officielles, ce sont des enfants qui le plus souvent, bien que ce soit légalement obligatoire, ne sont ni déclarés vivants, ni déclarés morts, donc ils n'existent pas.

Le nombre d'infanticides est sous-estimé".

Q: Comment l'expliquez-vous?

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Image tirée d'une caméra de vidéo-surveillance, fournie par la police judiciaire le 22 novembre 2013, montrant la mère et la fillette retrouvée morte à Berck-sur-Mer
 

R: "Beaucoup de cas ne sont pas signalés, beaucoup de cas sont sous-investigués scientifiquement. Et il y a des erreurs de diagnostic, ils passent pour des morts accidentelles, pour des morts subites du nourrisson.

Ils sont mal repérés, surtout si ça se passe au domicile et qu'on appelle juste le médecin de famille, qui n'y voit rien et signe le certificat le décès avec une cause comme la mort subite du nourrisson ou un accident de literie."

Q: Y a-t-il des particularités dans l'infanticide de Berck?

R: "La mère dit elle-même qu'elle aimait cette enfant, qu'elle a des remords. C'est le profil qu'on a rencontré dans les néonaticides: des femmes qui avaient le sentiment qu'elles ne pouvaient absolument pas se permettre cet enfant là, et qui étaient déprimées, avec des carences affectives majeures, des peurs de l'abandon par le conjoint. Ce n'étaient pas du tout des malades mentales, ni des femmes violentes.

Dans les cas les plus violents, notamment le syndrome du bébé secoué, c'est plus souvent des pères que des mères.

Ce qui existe aussi, même si c'est extrêmement rare, ce sont les maladies mentales. Tant que cette personne n'aura pas été vue par un expert, on ne pourra pas se prononcer."

 

 

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