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Le Grand Paris Express en quête d'identité

Une bouche de métro parisien [Jacques Demarthon / AFP/Archives] Une bouche de métro parisien [Jacques Demarthon / AFP/Archives]

Le métro du XXe siècle avait ses entrées Art nouveau de Guimard et ses carreaux blancs biseautés reconnaissables entre tous. Le Grand Paris Express, métro du XXIe siècle, trace les voies de son identité, encore en devenir.

Avec ses 72 nouvelles gares, ses 200 km de voies en rocades autour de la capitale et deux millions de voyageurs quotidiens, le Grand Paris Express doit entrer en fonction par tronçons, de 2020 à l'horizon 2030. Si ce chantier est logistiquement colossal, construire son identité est aussi une ambition.

La Société du Grand Paris (SGP), maître d'ouvrage de ce projet, a confié ce défi aux architectes Jacques Ferrier et Pauline Marchetti. "Ces gares seront toutes différentes mais avec un air de famille", explique à l'AFP Valérie Vernet, responsable de l'unité Gares à la SGP, alors que vient de s'ouvrir une exposition dédiée à ce sujet au Pavillon de l'Arsenal à Paris.

Pour construire cet "air de famille", une charte d'architecture et de design a été créée, qui intègre les contraintes inhérentes à une infrastructure de transports: sécurité, fiabilité, fonctionnalité, indispensable car 80% des nouvelles gares seront connectées à une autre ligne de train, RER, bus ou tramway.

"Il faut voir les gares comme des projets urbains uniques et non pas comme des soucoupes volantes toutes identiques posées sur le territoire", affirme Jacques Ferrier.

Vue de l'entrée d'une bouche de métro, le 26 octobre 2004 à Paris [Pascal Pavani / AFP/Archives]
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Vue de l'entrée d'une bouche de métro, le 26 octobre 2004 à Paris
 

Pour préserver cette diversité, 11 architectes ont été retenus pour les 16 premières gares du tronçon sud du Grand Paris Express. Ils sont priés de se concentrer sur un seul thème. "Sur un bâtiment public qui est une gare, qui s'impose au quotidien, vous êtes obligé d'avoir une esthétique forte, sobre et faite pour dépasser les effets de mode", souligne M. Ferrier.

Ainsi, une gare dans un site industriel "peut inspirer une réinterprétation des qualités de lumière et de structure des grands espaces industriels du XIXe siècle; dans un site naturel, le thème du jardin pourra être retenu", détaille l'architecte.

 

La "sensualité" des gares

 

Après l'"ultra-fonctionnalisme" des gares des années 60 et 70, nées avec le RER et la nécessité de transporter des milliers de voyageurs, il s'agit de revenir à la "sensualité" des gares Guimard pour "redonner du plaisir aux voyageurs", n'hésite pas à affirmer Jacques Ferrier, dans une promesse folle aux usagers de transports saturés.

La lumière sera soignée, "elle devra être toujours la même malgré la diversité des architectures et devra privilégier la lumière naturelle", insiste-t-il.

Le son aussi : "Il ne s'agit surtout pas de mettre une petite musique de fond mais de travailler sur l’acoustique, la réverbération et aussi accorder tous les petits bruits d'une gare: le ding de l'ascenseur, le dong de la machine à ticket, etc. Il est très facile de les régler pour trouver une harmonie".

L'identité forte du nouveau réseau va se retrouver sur les quais. La façade vitrée, comme sur les lignes déjà automatisées, "sera lumineuse sur sa partie supérieure, interactive et intelligente sur l'autre partie: elle donnera des informations", comme par exemple l'affluence dans les wagons pour mieux répartir les voyageurs, décrit Pauline Marchetti.

 
 

"L'idée est que les flux soient intuitifs, que le cheminement soit pensé clairement pour éviter le sentiment d'être perdu car cela crée des embouteillages", poursuit Mme Marchetti.

Et si les déplacements sont fluides, enchaîne-t-elle, "cela évite la surabondance de signalétique", qui de toutes façons "ne sera sans doute pas la même qu'aujourd'hui avec des panneaux et des couleurs". "Elle sera intelligente, avec des écrans qui ne se voient pas, des parois qui s'allument au passage: la technique avance tellement vite que d'ici 2020, on peut imaginer plein de choses", s'enthousiasme-t-elle.

Ces gares, avec des commerces, des services, un parvis avec des bancs, résisteront-elles au vandalisme ?

"Des espaces vivants où on a plaisir à se rencontrer sont finalement les lieux qui se défendent le mieux contre les agressions urbaines", pense Jacques Ferrier. "Ce n'est pas du tout une utopie: les métros +amicaux+ existent, comme les nouvelles lignes de Stockholm ou celui Tokyo". "On peut faire autrement qu'un métro défensif. Il faut retrouver des lieux généreux", conclut-il.

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