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Nouvel An: l'Alsace redouble de précautions face aux pétards

Des douaniers français à la recherche de feux d'artifice et de pétards dans une épicerie dans la banlieue de Strasbourg, le 20 décembre 2013 [Frederick Florin / AFP] Des douaniers français à la recherche de feux d'artifice et de pétards dans une épicerie dans la banlieue de Strasbourg, le 20 décembre 2013 [Frederick Florin / AFP]

Avec deux morts et des dizaines de blessés, l'Alsace a payé un lourd tribut l'an dernier à sa tradition des pétards de la Saint-Sylvestre. Pour éviter de nouveaux drames, la prévention et les contrôles ont été renforcés cette année.

"Vous avez des pétards là-derrière, on peut voir votre réserve?": à quelques jours du Nouvel An, dans une petite épicerie du Neuhof, dans le sud de Strasbourg, policiers et douaniers mènent une opération conjointe pour traquer les types de pétards interdits.

Rien à signaler chez ce commerçant, qui a été moins scrupuleux par le passé, comme d'autres. "L'an dernier, nous avons saisi 570 kilos de pétards dans la circonscription de police de Strasbourg, essentiellement les derniers jours avant le 31", explique la commissaire Sarah Jammet.

Les contrôles inopinés se multiplient à l'approche du Nouvel An, que les Alsaciens ont l'habitude de célébrer par un concert de pétards. Le plus souvent sans problèmes, mais avec à chaque fois des accidents.

"Au début du mois, on était sur de la prévention. Là on passe à un stade plus répressif", indique Mme Jammet, évoquant les sanctions pénales et les lourdes amendes encourues par les commerçants négligents.

Un policier français saisit des feux d'artifice dans le coffre d'un véhicule, le 29 décembre 2010 à la frontière franco-allemande à Strasbourg.  [Patrick Hertzog / AFP/Archives]
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Un policier français saisit des feux d'artifice dans le coffre d'un véhicule, le 29 décembre 2010 à la frontière franco-allemande à Strasbourg.

La réglementation a été durcie et harmonisée cette année dans les deux départements alsaciens: seuls les plus petits pétards (dits K1) sont désormais autorisés autour de la fin d'année, et uniquement pour les plus de 12 ans. Les plus puissants, "Tigre", "Bison" et autres mortiers, cauchemars des services d'urgence, nécessitent des autorisations.

Et pour empêcher les Alsaciens de se fournir chez le voisin allemand, qui partage cette tradition rhénane des pétards, les douaniers vont accentuer dans les prochains jours les contrôles de véhicules près de la frontière. L'importation est en effet soumise à autorisation.

Mains mutilées

La communication en direction du jeune public a été particulièrement musclée, avec notamment des séances d'information organisées dans tous les collèges du Bas-Rhin depuis début octobre et jusqu'aux vacances de Noël, et l'objectif de toucher les 12.000 élèves de 4e du département.

Ce n'est pas la première fois que policiers et médecins vont dans les écoles pour sensibiliser aux dangers des pétards, mais une opération d'une telle ampleur était inédite.

Les images glaçantes de mains mutilées et d'yeux abîmés n'ont pas été épargnées aux adolescents. "Accompagner aux urgences un copain qui hurle de douleur, en disant +je l'ai pas fait exprès!+, c'est horrible", les a mis en garde le préfet d'Alsace, Stéphane Bouillon, venu récemment s'adresser en personne aux élèves d'une classe de 4e d'un collège strasbourgeois.

L'an dernier, une soixantaine de blessés ont été comptabilisés dans la région, pris en charge comme chaque année par des services d'urgence renforcés pour le réveillon de la Saint-Sylvestre, notamment pour la chirurgie des mains et l'ophtalmologie.

Des policiers et des douaniers français contrôlent des automobilistes en provenance d'Allemagne, où la législation en matière de pétards et feux d'artifice est moins restrictive qu'en France, le 28 décembre 2007 à Strasbourg. [Frederick Florin / AFP/Archives]
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Des policiers et des douaniers français contrôlent des automobilistes en provenance d'Allemagne, où la législation en matière de pétards et feux d'artifice est moins restrictive qu'en France, le 28 décembre 2007 à Strasbourg.

Surtout, la nuit du 31 décembre a été marquée par le décès de deux jeunes hommes de 20 et 24 ans, et les blessures graves d'un troisième.

Le cas du premier, tué par un artifice qu'il voulait lancer d'un mortier, a mis au jour l'un des casse-tête des autorités: la difficulté de lutter contre l'achat de très gros pétards via internet.

Le jeune homme s'était en effet procuré pour près de 800 euros d'engins puissants par le biais du site internet d'une société de feux d'artifice. Et si la législation interdit l'accès à ces produits sans agrément, elle n'oblige pas les vendeurs à vérifier que les acheteurs en disposent.

"Il y a tout de même une obligation générale de prudence", estime toutefois la procureure de Saverne, Caroline Nisand, qui avait ouvert fin janvier une information judiciaire pour "homicide involontaire" à l'encontre du vendeur.

Les responsables de la société devraient être entendus début 2014 par le juge d'instruction chargé de l'affaire, a-t-elle précisé à l'AFP.

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