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Pôle emploi : six mois de cauchemar pour un "trop perçu" de 433 euros

File d'attente dans une agence de Pôle emploi le 27 décembre 2011 à Reims [Francois Nascimbeni / AFP/Archives] File d'attente dans une agence de Pôle emploi le 27 décembre 2011 à Reims [Francois Nascimbeni / AFP/Archives]

Harcelée par un huissier pour un "trop perçu" d'allocation chômage de 433 euros, Amélie Choppe, 27 ans, se réveille tout juste d’un "cauchemar" de six mois. Elle dénonce les "règles absurdes" de l’assurance chômage, qui pénalisent, selon elle, "ceux qui préfèrent ne pas rester inactifs".

 

Après le suicide par immolation en février 2012, à Nantes, d'un demandeur d'emploi en fin de droits, redevable de quelques centaines d'euros, les associations de chômeurs avaient réclamé un "moratoire" sur ces "trop perçus".

L’année dernière, 812 millions d’euros ont ainsi été versés à tort par Pôle emploi. Dans deux tiers des cas, ces trop perçus concernent des chômeurs qui complètent un petit salaire (CDD, temps partiel, intérim) avec une partie de leur allocation. C'est le cas d’Amélie Choppe.

Conçu dans les années 1980 pour quelques dizaines de milliers de personnes, ce dispositif de cumul, destiné à aider les chômeurs à remettre le pied à l’étrier, concerne aujourd’hui… près d'1,2 million de personnes. Sa refonte sera un des enjeux majeurs de la nouvelle négociation Unédic, qui s'ouvre le 17 janvier.

Le "cauchemar" de la jeune femme commence en avril 2013. Luthier de formation, au chômage depuis plus d'un an, elle garde des enfants 16 heures par semaine pour 300 à 400 euros par mois et reçoit un complément de Pôle emploi qui amène ses revenus autour de 900 euros. A peine assez pour payer le loyer et les charges de son appartement du Val-de-Marne (800 euros).

Un premier courrier de Pôle emploi l'informe qu'il ne lui reste plus que trois mois d'allocation: elle découvre alors que la réglementation permet d'additionner salaire et allocation chômage pendant seulement 15 mois. Pour les chômeurs sans aucune activité, la durée maximale de l'indemnisation est de 24 mois.

" C'est quand même complétement fou, en fait j'aurais mieux fait de ne pas travailler du tout!", s'étonne-t-elle. Paniquée, elle quitte à regret son employeur et décroche un contrat de 30 heures hebdomadaires: caissière chez Carrefour, pour 900 euros mensuels.

 

'Incompréhensible'

Trois mois plus tard, deuxième mauvaise surprise: une seconde lettre lui annonce une dette envers Pôle emploi de 433,28 euros. En cause, un mois de l’été 2012 où l’absence des enfant gardés l’avait contrainte à un congé sans solde. Elle avait donc eu droit à un mois complet d’allocation.

"Pour la machine, on ne peut pas être sous contrat et ne pas être rémunéré, elle vous réclame donc de rembourser", se contente de lui indiquer un agent de Pôle emploi.

Arrivent ensuite les SMS et les appels de l'huissier, "plusieurs par jour". "Je ne dormais plus, je pleurais tous les soirs au téléphone avec ma mère, qui vit en Franche-Comté. J'imaginais qu'on allait me saisir mes meubles", raconte-t-elle. “Même étalée sur dix mois, cette somme je ne l’ai pas dans mon porte-monnaie”.

Pour celle qui "respecte les règles à la lettre", "être traitée comme une fraudeuse, qui plus est quand on n’a pas fait de faute", c’est "incompréhensible".

Grâce à l’aide d’une militante du Mouvement national des chômeurs et précaires (MNCP), "sans qui on ne l’aurait pas écoutée", et d’une directrice d’agence Pôle emploi "fort sympathique", Amélie Choppe a réussi, le 20 décembre dernier, à faire annuler sa dette par une "instance paritaire régionale". Au prix d’innombrables courriers et démarches, de six mois d’insomnie et de "kilos pris à cause du stress".

"Je n’ai toujours pas compris ce trop perçu et je ne cherche plus à comprendre. Je me dis juste que si on a annulé ma dette, c’est que je devais avoir raison, confie-t-elle. Mais j’ai toujours cette peur au ventre: que Pôle emploi me réclame à nouveau de l’argent".

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