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A Echirolles, reconstitution du lynchage de Kévin et Sofiane

L'un des accusés de la mort Kevin et Sofiane, à son arrivée pour la reconstitution le 3 avril 2014 à Echirolles  [Jean-Pierre Clatot / AFP] L'un des accusés de la mort Kevin et Sofiane, à son arrivée pour la reconstitution le 3 avril 2014 à Echirolles [Jean-Pierre Clatot / AFP]

Un important dispositif de sécurité était déployé jeudi soir à Echirolles (Isère), près de Grenoble, pour la reconstitution de la mort de deux jeunes hommes, Kevin et Sofiane, lors d'une rixe en septembre 2012.

Vers 19H00, devant une trentaine de badauds très calmes, des barrières gardées par des CRS protégeaient l'entrée du gymnase dans lequel les quinze mis en examen doivent être rassemblés avant d'être conduits sur les lieux du crime.

Le périmètre interdit au public, dans le quartier populaire des Granges, englobe le gymnase et le parc Maurice-Thorez, où les deux victimes de 21 ans ont subi un véritable lynchage le 28 septembre 2012 au soir.

Kevin, étudiant en master, avait reçu huit coups de couteau, dont un mortel au poumon. Sofiane, éducateur, avait été poignardé une trentaine de fois et frappé au crâne avec un marteau. Il était mort le lendemain de multiples hémorragies internes.

Les deux garçons avaient été assaillis par une bande venue de la cité voisine de la Villeneuve de Grenoble, théâtre deux ans plus tôt de deux nuits d'émeutes. Les agresseurs étaient armés de couteaux, d'un pistolet à grenaille, d'une bouteille de vodka et d'un marteau.

Arrivée le 3 avril 2014 à Echirolles des fourgons transportant les suspects, pour la reconstitution du double meurtre de Kevin et Sofianele meurtre de Kevin et Sofiane [Jean-Pierre Clatot / AFP]
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Arrivée le 3 avril 2014 à Echirolles des fourgons transportant les suspects, pour la reconstitution du double meurtre de Kevin et Sofianele meurtre de Kevin et Sofiane

Au total, quinze personnes, dont trois mineurs, sont mises en examen dans cette affaire. Onze suspects sont écroués et ont été conduits en fourgon sur les lieux de la reconstitution. Une seule des quatre personnes laissées libres s'est présentée en début de soirée avant d'être rejointe plus tard par les trois autres.

"Chacun des mis en cause va pénétrer à l'intérieur du gymnase et pourra s'entretenir avec son avocat", a précisé à l'AFP le commissaire Joël-Patrick Terry, qui supervise le dispositif rassemblant 240 policiers et 45 gendarmes.

Après ces entretiens, et selon les consignes des trois juges d'instruction présents au côté du vice-procureur Laurent Becuywe, "ils participeront activement à la reconstitution avec un plastron", a précisé le responsable policier.

Des policiers, vêtus de gilet orange fluo, amènent deux mannequins figurant les victimes pour la reconstitution le 3 avril 2014 à Echirolles de la mort de Kevin et Sofiane [Jean-Pierre Clatot / AFP]
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Des policiers, vêtus de gilet orange fluo, amènent deux mannequins figurant les victimes pour la reconstitution le 3 avril 2014 à Echirolles de la mort de Kevin et Sofiane

Selon Me David Metaxas, l'avocat d'un suspect qui nie son implication dans le double meurtre, il s'agit "d'individualiser les responsabilités", d'autant que les mis en examen sont nombreux et le déroulement des faits encore confus. "Il y a des contradictions, parce qu'on a un groupe constitué de plusieurs personnes. Il y a des antagonismes aussi. Chacun joue sa carte", a poursuivi l'avocat.

Un peu avant 18H00, plusieurs policiers, vêtus d'un gilet orange fluo, ont amené deux mannequins qui figureront les victimes. En début de soirée, des projecteurs éclairaient une barre d'immeubles proche de la scène de crime.

Au total, la reconstitution doit durer douze heures. Aucun incident n'a été signalé dans la soirée, selon une source policière.

Aurelie Noubissi, la mère de Kevin devant la photo de son fils le 28 septembre 2012 à son domicile dans la banlieue de Grenoble [Jena-Pierre Clatot / AFP/Archives]
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Aurelie Noubissi, la mère de Kevin devant la photo de son fils le 28 septembre 2012 à son domicile dans la banlieue de Grenoble

"Ils ont tué comme si c'était un jeu -un jeu collectif-, un jeu pervers, où les frontières du réel et du virtuel se confondent, comme s'ils se trouvaient dans un jeu vidéo où l'on peut 'rejouer', ou dans un film que l'on peut rembobiner", écrit Aurélie Monkam Noubissi, la mère de Kévin, dans "Le ventre arraché" paru la semaine dernière.

"J'ai du mal à accepter la manière dont la vie a été arrachée à mon fils", confie encore la pédiatre qui a voulu raconter dans son livre sa douleur "sans haine".

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