C’est l’éternel paradoxe français. D’un côté, la crise sévit et frappe durement sur le front de l’emploi. La courbe du chômage a ainsi encore battu des records, avec 3,3 millions de demandeurs d’emploi recensés en février et 62 200 postes dans le secteur marchand supprimés en un an.
Mais d’un autre côté, de nombreux secteurs offrent toujours des postes à pourvoir. Dans son enquête annuelle Besoins en main-d’œuvre (BMO), Pôle Emploi passe la France au peigne fin pour dresser la liste de ces secteurs et régions qui recrutent.
Le tourisme et les services en tête
L’année 2014 semble moins noire que les précédentes. Pôle Emploi anticipe plus de 1,7 million de projets de recrutement, soit une augmentation de 5,4 % par rapport à 2013. Parmi ces projets, près de 40 % concernent la vente, le tourisme et les services. Aides à domicile, agents de nettoyage ou serveurs font ainsi partie de ces métiers à la recherche de nouvelles recrues.
Par ailleurs, «le tissu économique français est tiré vers le haut par le dynamisme agricole», note Anita Bonnet, responsable du département Etudes et recherche chez Pôle Emploi. L’enquête décompte plusieurs dizaines de milliers d’offres d’embauches pour les ouvriers agricoles, les viticulteurs et les arboriculteurs.
«Mais ces métiers, comme ceux du tourisme, fonctionnent de manière saisonnière, avec un turn-over très important», nuance Anita Bonnet. Enfin, des postes sont à pourvoir dans le social et le médico-social, notamment pour les animateurs socioculturels et les aides-soignants.
Ces besoins s’expliquent surtout par le caractère non délocalisable de ces activités, qui pèsent fortement dans l’économie française et s’adaptent aux mutations de la société. Le vieillissement de la population a ainsi contribué à l’essor des services à la personne.
En outre, parce qu’ils sont peu valorisés et/ou avec des conditions de travail difficiles (horaires décalés, temps partiel), ces postes ne trouvent pas facilement preneur.
Le Sud et l’Ile-de-France recrutent
En termes d’embauches, certaines régions s’en sortent mieux que d’autres. Mieux vaut habiter en Gironde ou dans les Alpes-Maritimes que dans la Creuse ou dans la Nièvre. A elle seule, l’Ile-de-France concentre plus de 16 % des projets de recrutement, principalement sur des postes qualifiés d’ingénieurs et de cadres dans la recherche et développement et l’informatique.
L’aide à domicile est également un secteur porteur dans la région et peut proposer des postes pérennes. En revanche, en Aquitaine, en Provence-Alpes-Côte d’Azur et en Rhône-Alpes, les trois régions les plus pourvoyeuses d’emploi, les postes sont nombreux mais saisonniers, la plupart du temps.
Pas de quoi inverser durablement la courbe du chômage donc, même si Anita Bonnet voit dans l’enquête quelques signes encourageants : «Les projets de recrutement dans l’industrie et la construction, en repli l’an dernier, repartent à la hausse.»
Rebsamen sur l'emploi: "aller plus vite, plus fort", et "amplifier" les efforts
Réduire chômage et impôts, priorités de Valls pour les Français
Un chômeur tente de s'immoler dans une agence Pôle emploi