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Les cheminots hostiles à la réforme ferroviaire dans la rue

Un TGV à Paris le 24 avril 2014 [Joël Saget / AFP/Archives] Un TGV à Paris le 24 avril 2014 [Joël Saget / AFP/Archives]

L'affaire des trains TER trop larges donne du grain à moudre aux syndicats de la SNCF qui ont appelé les cheminots à manifester jeudi à Paris pour réclamer une fusion encore plus poussée avec le gestionnaire du réseau (RFF) que ne le prévoit, selon eux, la réforme ferroviaire.

Les trois premiers syndicats, CGT, Unsa et SUD-Rail, ainsi que FO, cinquième syndicat, appellent à un rassemblement à 13H30 place de la Bastille. Le cortège doit prendre ensuite la direction de Montparnasse. Ils attendent plusieurs milliers de personnes.

"La manifestation organisée jeudi par trois organisations syndicales qui souhaitent adapter la réforme ferroviaire pourrait perturber la circulation de certains trains", prévient la SNCF sur son site infolignes.

Dans la région Sud-Est, un préavis de grève entraînera des perturbations sur le réseau TER: un quart seulement du service sera assuré sur l'axe Marseille - Nice, et la moitié sur l'axe Marseille - Toulon - les Arcs.

Interrogée, la SNCF a fait état jeudi matin d'un trafic "quasiment normal" sur l'ensemble du réseau, avec des "perturbations locales", notamment sur les TGV Nord.

Un train express régional (TER)  [Olivier Morin / AFP/Archives]
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Un train express régional (TER)

Dans la ligne de mire des syndicats: le projet de réforme ferroviaire. Le texte, qui sera examiné les 17 et 18 juin par l'Assemblée nationale, vise à regrouper en un seul grand groupe public la SNCF et Réseau ferré de France (RFF).

Pour le gouvernement, la réforme doit justement empêcher à l'avenir le genre de coûteuse bévue révélée par le Canard Enchaîné.

Le dysfonctionnement, qui met le patron de la SNCF Guillaume Pepy sur la sellette, "justifie d'autant plus la réforme" pour "coordonner les actions et les choix entre celui qui gère les infrastructures et ceux qui font l'exploitation des trains", a expliqué mercredi le porte-parole du gouvernement Stéphane Le Foll.

"L'enjeu de la réforme ferroviaire prend tout son sens quand on constate l'état du dysfonctionnement du ferroviaire en France", avait souligné avant lui le secrétaire d'Etat aux Transports Frédéric Cuvillier.

- La bévue, "pas une surprise" pour SUD -

Les syndicats de cheminots qui contestent la réforme ferroviaire, CGT, Unsa et SUD-Rail en tête, imputent eux aussi l'erreur à la séparation des activités gestion et exploitation.

"Cette histoire pourrait relever du vaudeville si elle n'était la conséquence de la séparation entre la SNCF et RFF de 1997", a commenté la CGT, premier syndicat. C'est "tout sauf une surprise", écrit jeudi SUD en mettant le problème sur le compte de "la casse de la SNCF commencée en 1997 avec la séparation de RFF" et une "démarche générale de désintégration de la sécurité".

Mais pour les syndicats, le projet ne va pas assez loin pour éviter de tels dysfonctionnements à l'avenir. Selon eux, la réforme maintiendra "l'éclatement" du système car il est prévu que SNCF et RFF restent deux groupes publics indépendants, coiffés par une entité de tête.

Pour la CGT, il faut "une réforme qui permette une réelle réunification de la SNCF et de RFF au sein d’une même entreprise", au lieu d'"éclater le système ferroviaire en trois entreprises distinctes et autonomes".

La CGT, l'Unsa et SUD-Rail, réunis dans une plate-forme revendicative commune, réclament un Conseil d'administration unique et un Comité central d'entreprise qui représentent "l'ensemble des salariés du système public".

Ils considèrent, en outre, que la réforme proposée ne réglera pas le problème de la dette de 44 milliards et du financement de l'entreprise publique, alors que se profile l'ouverture totale à la concurrence.

Pour que la libéralisation des lignes intérieures, imposée par Bruxelles d'ici 2019, se déroule dans de bonnes conditions, le gouvernement doit aussi publier, dans le cadre de la réforme, un décret qui posera des règles communes d'organisation et de temps de travail, qui s'appliqueront à tous les cheminots, du public et du privé. A l'instar de l'Unsa, les organisations sont sur leurs gardes pour conserver des dispositions sociales "de haut niveau".

La CFDT, 4e syndicat, ne participera pas à la journée d'action. Dans un communiqué, elle estime que "l'avenir des cheminots mérite mieux qu'une posture".

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