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La Garantie jeunes, une issue pour les 18-25 ans

Les jeunes  bénéficiant des "Neet" ne sont "ni employés, ni scolarisés, ni en formation" et reçoivent, en plus d'un accompagnement personnalisé, 439,33 euros par mois, l'équivalent du RSA  [Justin Sullivan / Getty/AFP/Archives] Les jeunes bénéficiant des "Neet" ne sont "ni employés, ni scolarisés, ni en formation" et reçoivent, en plus d'un accompagnement personnalisé, 439,33 euros par mois, l'équivalent du RSA [Justin Sullivan / Getty/AFP/Archives]

Déscolarisés, isolés et sans emploi à même pas 25 ans. Tania, Messiat ou Kenny bénéficient depuis quelques mois de la Garantie jeunes, une allocation mais aussi un accompagnement renforcé vers l'emploi.

En Seine-Saint-Denis, l'un des dix départements pilotes, 80 personnes bénéficient de ce dispositif mis en place depuis octobre 2013.

Baptisés les "Neet" (de l'anglais +Not in education, employment or training+), ces jeunes les plus touchés par le chômage ne sont "ni employés, ni scolarisés, ni en formation" et reçoivent, en plus d'un accompagnement personnalisé, 439,33 euros par mois, l'équivalent du RSA.

"Un coup de pouce pour la vie de tous les jours", témoigne Kenny, père séparé de 24 ans qui a eu quelques ennuis avec la justice.

Repérés par les missions locales, la justice, des assistantes sociales ou l'Aide sociale à l'enfance (Ase), les bénéficiaires doivent signer un contrat pour un an. Un premier engagement pour eux.

"Ca m'apprend à me réveiller à l'heure et à respecter des règles", sourit Kenny, qui veut être chauffeur de poids lourds et vient de débuter des cours de code grâce au dispositif.

Entre recherches de stages, formations et emplois, ateliers d'écriture d'un CV et d'une lettre de motivation, et cours sur la gestion d'un budget, les codes vestimentaires ou la santé, les six premières semaines sont "intensives".

"Avant je ne savais même pas ce que c'était un CV", confesse Tania, Rom originaire de Roumanie. Cette mère célibataire de 20 ans est arrivée en France en 2008 et vit dans un bidonville. "Quand tu as arrêté les études et que tu ne connais personne, tu manques de courage pour chercher un emploi", dit-elle.

- Casquette enlevée, bonjour Madame -

A la mission locale, où ils se côtoient tous les jours, les allocataires ont trouvé des compagnons de route. A Drancy, Bobigny et Blanc-Mesnil, des salles sont réservées à la Garantie jeunes, six conseillères ont été recrutées, et constatant que certains ne mangeaient pas ou très peu, un petit-déjeuner les attend le matin.

"L'allocation n'est pas le seul moteur, l'accompagnement fait que ça marche tout de suite. Notre but est de les rendre autonomes et de les mettre rapidement dans des situations professionnelles", explique Kamel Ouacel, directeur de la mission locale de Drancy et coordinateur de la Garantie jeunes pour le département.

Selon lui, "les jeunes en grande précarité sociale et financière ont été privilégiés pour les premières sessions". Près de 75% ont par exemple un problème de logement, souligne-t-il.

Pour Sally, qui doit subvenir aux besoins de sa sœur car ses parents "ont quitté l'appartement du jour au lendemain pour rentrer en Afrique", la Garantie jeunes a été salvatrice.

Après un accident de moto, ce jeune homme de 25 ans tournait "en rond". "J'étais perdu. Maintenant, ma conseillère se soucie de moi et qu'on m'accorde de la confiance, ça me fait croire en l'avenir", témoigne-t-il dans un léger bégaiement.

"Une casquette enlevée, un bonjour Madame, un sourire... Dès les premières semaines on voit les choses changer", remarque la conseillère Hinda Douiri.

En Seine-Saint-Denis, sur 62 premiers jeunes qui ont intégré le dispositif depuis janvier, 41 ont trouvé un stage, une formation ou même un emploi pour 12 d'entre eux.

Messiat, arrivée de Côte-d'Ivoire il y a six ans, débute en août un contrat d'insertion comme couturière. "Stressée à l'idée de passer un entretien", elle reconnaît que le suivi l'a aidée. "Je suis plus mature maintenant. Je connais tellement de jeunes qui en auraient besoin que je me sens privilégiée", dit cette fine jeune fille de 20 ans à la coupe afro.

Seuls quelques milliers en France bénéficient actuellement de ce dispositif. Mais fort d'un bilan qualifié de "positif", le gouvernement compte l'étendre à 50.000 jeunes en 2015 et 100.000 en 2017.

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