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Grève des avocats : renvoi du procès en appel de Tony Meilhon à Rennes

Croquis d'audience montrant Tony Meilhon, le meurtrier présumé de Laetitia Perrais, lors de son procès à Nantes, le 22 mai 2013.[AFP]

Le procès en appel de Tony Meilhon pour le meurtre et le démembrement de la jeune Lætitia Perrais en 2011 a été renvoyé mardi sine die à la demande des avocats en grève contre le projet de réforme de leur profession.

 

Après environ une heure d'audience et une courte délibération, le président de la cour de Rennes, Philippe Dary, a annoncé le renvoi du procès sans annoncer de nouvelle date. Mais selon des sources judiciaires, ce procès, qui devait durer 11 jours avec 50 témoins et une quinzaine d'experts ne sera pas remis à l'agenda avant, au plus tôt, le mois de mai.

A l'ouverture de l'audience, l'avocat de Tony Meilhon, Fathi Benbrahim, avait demandé le renvoi du procès "même si je peux mesurer la difficulté que cela représente pour les familles des victimes".

L'avocat général Stéphane Cantero avait au contraire pressé le président de rejeter cette demande de renvoi, dénonçant "l'instrumentalisation de la justice et de la presse" à la faveur d'un procès aussi médiatique.

Le renvoi du procès constitue un nouveau rebondissement pour cette affaire hors norme qui avait donné lieu, en 2011, à une grève historique des magistrats, mis en cause par Nicolas Sarkozy, alors président de la République, pour leur suivi judiciaire de Tony Meilhon.

Une "grève totale de toutes les audiences" a été votée lundi par les avocats du barreau de Nantes - où Meilhon avait été jugé en première instance - dans le cadre d'un mouvement national de protestation contre la réforme du ministre de l'Économie, Manuel Macron.

"C'est une attaque sans précédent de notre profession", a déclaré le bâtonnier de Nantes, Jacques Lapalus.

Du côté des parties civiles, Cécile de Oliveira, avocate de Jessica Perrais, la soeur de Lætitia, a dit respecter la décision de son confrère, tout en la regrettant fortement eu égard à sa cliente. Elle a rappelé que cette dernière, fragilisée par la mort de sa soeur et les viols commis par le père de leur famille d'accueil, Gilles Patron - condamné en 2014 à huit ans de prison pour ces faits - s'était préparée avec l'aide de psychologues et d'un psychiatre à ce nouveau procès. "Je ne souhaite pas que la voix de Jessica Perrais soit étouffée", a-t-elle ajouté.

A l'issue de son premier procès à Nantes en mai/juin 2013, Tony Meilhon a été condamné à la prison à perpétuité avec une peine de sûreté de 22 ans, assortie d'une possible "rétention de sûreté" s'il était jugé encore dangereux au terme de sa détention.

C'est sur ce dernier point que se fonde principalement la demande d'appel de Tony Meilhon. Les parties civiles espéraient, elles, que ce nouveau procès donne une chance d'accéder enfin à la vérité que l'accusé s'est, jusqu'ici, refusé à livrer complètement.

En dépit d'une enquête très poussée en termes de moyens humains et matériels, qui a permis de retrouver l'intégralité du corps démembré de Lætitia Perrais, pourtant dissimulé dans deux étangs distants de plusieurs dizaines de kilomètres, des zones d'ombres subsistent.

Aucune scène de crime à proprement parler n'a pu être caractérisée malgré l'acharnement des enquêteurs. De même il n'a pas été possible de déterminer si un viol avait précédé le meurtre.

Le 19 janvier 2011 peu après minuit, Lætitia Perrais, 18 ans, est vue pour la dernière fois en vie, quittant sur son scooter la Bernerie-en-Retz (Loire-Atlantique) à l'issue d'une soirée passée avec Tony Meilhon, rencontré la veille.

Son deux-roues accidenté est retrouvé le lendemain matin par sa soeur jumelle, Jessica, à quelques dizaines de mètres de leur domicile à Pornic. Rapidement ciblé par l'enquête de voisinage et les témoignages, Tony Meilhon est interpellé par le GIGN le 20 janvier à l'aube.

Un peu plus de 24h se sont écoulées au cours desquelles, s'il est avéré que Tony Meilhon a tué Lætitia, l'heure exacte du décès, son lieu, et la possibilité qu'il ait bénéficié, ou non, d'une complicité, n'ont pu être établis avec certitude.

 

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