En direct
A suivre

Le policier tué protégeant Charb était inquiet pour le dessinateur

Charb, le 19 septembre 2012 [Fred Dufour / AFP]

Le policier tué mercredi alors qu'il assurait la protection de Charb, le directeur de Charlie Hebdo, craignait pour la vie du dessinateur après la publication de plusieurs de ses derniers dessins, selon l'épouse du policier.

Dans Ouest-France vendredi, pour la première fois, Ingrid Brinsolaro, 38 ans, rédactrice en chef de L'Eveil normand, hebdomadaire de Bernay (Eure) appartenant au même groupe de presse, a accepté de s'exprimer sur son mari, Franck Brinsolaro, 49 ans et sur les inquiétudes de ce dernier concernant d'éventuelles représailles contre l'hebdomadaire satirique.

"Vu ce qu'il a sorti, faut pas qu'on le lâche d'une semelle" : ainsi s'exprimait, selon son épouse journaliste, le policier chargé de la protection du dessinateur Charb, tué à son côté lors de l'attentat contre Charlie Hebdo.

A cinq ans de la retraite, après une carrière dans des zones dangereuses, ce policier du Service de protection des hautes personnalités (SPHP) s'était retrouvé plongé dans un environnement nouveau pour lui, la rédaction d'un organe de presse. Un journal satirique à la dent dure vis-à-vis de tous les pouvoirs, et qui n'épargnait pas non plus la police.

Mais, selon la journaliste, les rapports entre Stéphane Charbonnier, alias Charb, et son mari Franck étaient très bons, beaucoup plus étroits qu'avec d'autres personnalités qu'il avait protégées.

"C'était un peu le choc des cultures. Mais ils s'entendaient bien, mangeaient ensemble", témoigne la journaliste. "Franck aimait l'actu, l'info. Notre métier lui parlait".

Mais il était inquiet pour Charb, déjà menacé de mort dans le passé, après quelques récentes couvertures très provocatrices envers des islamistes.

"Ça va péter un jour ou l'autre", avait-il dit par ailleurs à un ami, selon Ouest-France.

"Le connaissant, je suis sûre que Franck a tout fait pour s'interposer devant le tueur", poursuit la journaliste. "Et il est mort pour la liberté de la presse", tout comme un autre collègue policier.

"Vous savez, discret comme il était, Franck n'aurait sans doute pas aimé se retrouver dans un article. Mais je le fais pour qu'il reste une trace. Pour les enfants plus tard", confie sa veuve.

Le policier et la journaliste étaient mariés depuis trois ans et avaient une petite fille d'un an, formant une famille recomposée avec le fils de 25 ans de Franck. Ils habitaient une maison dans la campagne euroise, près de Bernay.

Jeudi soir, dans cette ville, quelque 2.000 personnes se sont rassemblées en hommage aux 12 victimes de l'attentat. En plus des affichettes "Je suis Charlie", de nombreuses personnes en brandissaient d'autres proclamant "Je suis Franck".

 

À suivre aussi

Ailleurs sur le web

Dernières actualités