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Pierre de Villiers, Chef d’État-Major des armées : "Des soldats très motivés"

Pierre de Villiers, Chef d’État-Major des armées.[Jean Bouclier / Direct Matin]

Il a un encouragement, une question pour chacun. Sur le pont depuis le déploiement de plus de 10 000 soldats sur le territoire français, en réponse aux attentats, le général Pierre de Villiers, chef d’état-major des Armées, est présent sur le terrain auprès des hommes et femmes qui montent la garde. Conscient de l’importante de cette mission, il fait le lien entre cette présence en France et le combat mené, à l’étranger, contre les islamistes.

 

Ce déploiement sans précédent était-il la réponse à apporter ?

C’était une réponse naturelle. Les armées sont d’abord là pour la sécurité et la protection des Français, c’est notre mission régalienne, et dans le contexte actuel, il était légitime que le président de la République déclenche ce plan. Déployer 10 000 hommes sans préavis, en trois jours, était un défi qui a été relevé de façon remarquable. Je crois que l’on peut être fiers, y compris sur le plan logistique. Nous avons une belle armée.

 

Dans quel état d’esprit se trouvent les hommes sur le terrain ?

Ils sont très professionnels. Nous avons une armée expérimentée, avec des plus anciens, des plus jeunes, mais avec une même caractéristique : celle d’être très motivés par leur métier, celui de servir la France et leur unité. Nous resterons le temps qu’il faudra, le temps que la mission soit remplie.

 

Opérer directement en France est-il plus difficile qu’à l’étranger ?

Ce n’est pas plus difficile, c’est différent. Intervenir à l’intérieur de nos frontières, au milieu de nos compatriotes, rend l’exigence encore plus forte. Mais nos soldats savent s’adapter à des situations nouvelles pour eux. A l’étranger, dans les pays dans lesquels nous intervenons, ils sont souvent imbriqués au sein des populations. Or, les soldats qui patrouillent aujourd’hui à Paris sont les mêmes qui interviennent en opérations extérieures.

 

Les soldats disent que l’accueil des Français est bon. Un soutien indispensable à la mission ?

Ce lien avec la population est fondamental, car nous sommes l’armée de la Nation, et les militaires sont très sensibles à ce soutien. Ils sont originaires de toute la France, sont en garnison dans toute la France. Nous assurons la protection des Français, ils le sentent et le vivent. Et comme les militaires le sentent aussi, c’est un échange entre les citoyens et leur armée.

 

Le président souhaite revoir le rythme de réduction des effectifs de la Défense. Etes-vous satisfait ?

C’est un message très fort, car nous sommes très sollicités en ce moment. Cette annonce du président, qui prend en compte nos difficultés en termes d’effectifs pour honorer toutes nos missions, était attendue, souhaitée, et, de mon point de vue, souhaitable.

 

Au Sahel, en Irak, en France… L’armée est sur tous les fronts. A-t-elle atteint sa limite ?

La mobilisation de 10 000 hommes est un effort sans commune mesure, face à une situation inédite. Cette situation était intégrée dans le Livre blanc et dans la loi de programmation militaire, donc nous ne sommes pas démunis. Mais ce qui est clair aussi, c’est que nous avons une tension sur les effectifs.

 

L’intervention se poursuit face à Daesh. Dans quel but ?

Il y a un lien entre ce que nous faisons à l’extérieur, ce que l’on appelle la défense de l’avant, et la sécurité sur notre territoire. C’est la lutte contre le terrorisme. Jamais le lien entre sécurité intérieure et extérieure n’a été aussi important.

 

La menace terroriste est globale, la réponse doit-elle l’être aussi ? 

Bien sûr. Il faut une réponse globale sur le plan géographique, puisque le terrorisme est mondial. Mais une réponse globale qui ne soit pas seulement militaire. Car rien ne sert de gagner la guerre si derrière, on ne peut gagner la paix. Il faut éradiquer le terrorisme à la racine, en développant l’éducation et l’économie, en éradiquant la pauvreté, le principal terreau du terrorisme. C’est ça, la réponse globale à apporter. 

 

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