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Martinez devrait être élu à la tête de la CGT

Philippe Martinez a rencontré le ministre du Travail le 30 janvier dernier.[©JacquesDemarthon/AFP]

Le "parlement" de la CGT devrait élire mardi à la tête de la centrale Philippe Martinez, et son équipe adepte d'une ligne plutôt radicale, mettant un terme à la plus grave crise du syndicat, initiée par les affaires de l'ex-numéro un Thierry Lepaon.  

 

L'ex-délégué de Renault Boulogne Billancourt, 53 ans, est venu mardi matin pour la seconde fois devant le Comité confédéral national (CCN, "parlement") réuni au siège de la centrale, pour faire adouber son bureau, composé de cinq femmes et de cinq hommes, dont lui-même.

Le 13 janvier, le CCN (96 fédérations et 28 unions départementales) lui avait refusé les deux tiers des voix dont il avait besoin - jugeant son équipe trop proche de l'ex-numéro un.

 

Opposition entre pro et anti Lepaon

Le métallurgiste, immédiatement identifiable grâce à sa moustache, a opté cette fois pour un jugement de Salomon: son bureau comprend pour moitié des pro-Lepaon et pour moitié des anti-Lepaon farouches, ce qui augure son adoption par le CCN, "sauf rebondissement qui n'est jamais totalement exclu, on a tellement vu ces derniers mois...", soupire un membre du CCN.

Depuis fin octobre une bataille acharnée oppose les adversaires de M. Lepaon - qui exigeaient sa démission après les révélations sur ses dépenses aux frais de la CGT- et ses partisans qui le disaient victime d'une cabale interne. Finalement l'intéressé a jeté l'éponge le 7 janvier, la première démission d'un secrétaire général depuis 1909.

 

Crise au sein de la CGT

A la faveur de cette crise entrent au bureau confédéral des responsables appartenant à la tendance réputée "radicale" de la CGT et qui sont proches du Front de gauche comme Pascal Joly, membre du Conseil national du PCF, Céline Verzeletti (CGT pénitentiaire), Denis Lalys (organismes sociaux), tous anti-Lepaon.

Plusieurs responsables "réformistes", qui contestaient également la gouvernance de M. Lepaon, sont exclus de la nouvelle direction, mais soutiennent cette équipe qui "rassemble", souligne à l'AFP l'un d'entre eux.

Parmi les pro-Lepaon, Colette Duynslaeger (numéro un de La Poste) est proposée au poste sensible d'administrateur-trésorier.

 

"Rechercher le consensus"

Une fois élu 15e secrétaire général de la CGT, M. Martinez aura la lourde tâche de définir une orientation consensuelle entre tous ces courants, d'ici le prochain congrès fixé au printemps 2016. Il devra aussi apaiser les querelles intestines, séquelles de la crise de succession de Bernard Thibault de 2012, et attisées ces trois derniers mois, donnant lieu parfois à de vives altercations.

"La sortie du jeu des plus modérés est un peu une inquiétude, parce que c'était eux qui assuraient la continuité avec la ligne de Bernard Thibault", relève auprès de l'AFP Rémi Bourguignon, professeur à I'IAE Paris-Sorbonne.Mais, "dans ce contexte compliqué, M. Martinez sera obligé de travailler dans le consensus et ne pourra pas avoir une position trop radicale, car la CGT est au bord de le rupture", estime ce chercheur. 

 

"Durcir le ton contre le gouvernement"

Le métallurgiste, selon lui, devra "tirer des leçons de l'expérience de Thierry Lepaon" - dont l'orientation était confuse et la gouvernance contestée - pour exercer "une gouvernance plus ouverte et plus participative".

Pour Bernard Vivier, directeur de l'Institut supérieur du travail, la nouvelle direction "augure une CGT qui va durcir le ton contre le gouvernement, contre le patronat et contre les autres organisations syndicales"."Philippe Martinez a besoin de cette logique dure pour s'imposer, mais cela ne veut pas dire qu'il n'ira pas ensuite vers une ligne plus axée sur la négociation", estime cet analyste.

 

A la recherche d'un second souffle

Le premier syndicat français est à la recherche d'un nouveau souffle dans un contexte difficile: il est en perte de vitesse dans ses bastions (fonction publique, Orange, énergie, SNCF) et ses appels à la mobilisation contre les réformes du gouvernement n'ont pas été des succès. 

La CGT doit aussi trouver un positionnement sur l'échiquier syndical entre la CFDT réformiste et Force ouvrière, rassemblée sur une ligne contestataire autour de Jean-Claude Mailly, qui sera réélu cette semaine à la tête du syndicat.

 

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