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Juifs de France : la tentation du départ

Dans une synagogue, à Toulouse.[REMY GABALDA / AFP]

Lassée des attaques dont elle est la cible, la communauté juive s’interroge. Et ceux qui émigrent sont chaque année plus nombreux.

 

L’angoisse s’est ajoutée à un climat déjà pesant. Les attentats de janvier, dont quatre des dix-sept ­victimes étaient juives, ont meurtri une nouvelle fois la communauté israélite française.

Car ses membres, depuis plusieurs années, se posent de plus en plus la question d’un départ de l’Hexagone vers d’autres pays. Un exil massif contre lequel l’Etat tente d’agir, afin d’arrêter l’hémorragie.

 

Un antisémitisme en hausse

Etats-Unis, Canada ou encore Grande-Bretagne… Selon les représentants de plusieurs associations, les pays où se trouvent les autres plus importantes communautés juives sont des points de chute privilégiés, même si ces flux sont difficilement quantifiables.

Le phénomène est particulièrement visible en ce qui concerne Israël. Les chiffres de l’Agence juive, qui accompagne les personnes souhaitant immigrer là-bas pour faire leur Alyah ("ascension" en hébreu), sont significatifs.

Alors que dans les années 2000, environ 2 000 juifs partaient chaque année, leur nombre a dépassé les 3 200 en 2013. Avant d’exploser l’an dernier, à plus de 7 200. Et la barre des 10 000 personnes pourrait être franchie cette année.

 

Triplement des appels

"Dans les semaines qui ont suivi les attentats, les appels reçus ont triplé", indique l’agence. Un phénomène qui s’inscrit dans un mouvement européen s’étalant sur plusieurs décennies : selon une étude de l’université hébraï­que de Jérusalem, le nombre de juifs sur le Vieux Continent est passé de 3,8 millions en 1945 à 2 millions en 1991, puis à 1,4 million en 2010.

Protégée par la présence de policiers ­devant les lieux de culte et les écoles, la communauté juive française vit dans la crainte. Si l’attaque de l’Hyper Cacher a marqué les esprits, comme les meurtres de Merah ou l’affaire Ilan Halimi, les envies de départ sont aussi motivées par un antisémitisme toujours présent.

Le nombre d’actes commis contre les juifs a doublé en 2014 (851 faits contre 423 en 2013), selon le dernier rapport du Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif). Une situation "invraisemblable" pour son président, Roger Cukierman, qui ne comprend pas pourquoi, "malgré une présence vieille de 2 000 ans, les juifs sont encore considérés comme des ­parias".

La question du départ alimente, selon lui, de nombreuses conversations car le constat est amer : "Celui qui porte la kippa dans le métro prend un risque."

 

L’Etat tente d’apporter son soutien

La tentation est d’autant plus forte que l’appel d’Israël se fait entendre par la voix du Premier ministre, Benyamin Netanyahou : "Je dis aux juifs de France : revenez dans votre patrie." Un appel que les autorités françaises tentent de contrer en affichant leur soutien.

Manuel Valls clamait récemment devant les députés que "sans les juifs, la France ne serait plus la France". Avant que François Hollande ne monte au créneau : "Votre place est ici, chez vous."

Preuve de la détermination de l’Etat, un plan de lutte contre l’antisémitisme a été ­annoncé fin janvier, pour punir sévè­rement les ­attaques subies par les juifs. Et de mieux les convaincre de rester.

 

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