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Opération «transparence» de l'Eglise sur la pédophilie

Le père Eric de Nattes lors d'une messe à l'église Saint-Luc de Sainte-Foy-lès-Lyon pour rendre hommage aux victimes d'abus sexuels, le 7 novembre 2016 [JEFF PACHOUD / AFP] Le père Eric de Nattes lors d'une messe à l'église Saint-Luc de Sainte-Foy-lès-Lyon pour rendre hommage aux victimes d'abus sexuels, le 7 novembre 2016 [JEFF PACHOUD / AFP]

Nouveau guide antipédophilie, publication de chiffres - en stagnation voire repli - sur les prêtres impliqués : l’Église catholique en France a une nouvelle fois affiché lundi une volonté de «transparence» sur les abus sexuels, après les mois de scandales qui l'ont secouée.

Selon une enquête quantitative publiée par la Conférence des évêques de France (CEF), neuf clercs (prêtres ou diacres), sur environ 15.000, sont actuellement «emprisonnés en France pour des faits de violences sexuelles commises sur des mineurs». Trente-sept autres «ont exécuté leur peine et sont sortis de prison», et «vingt-six clercs font l'objet d'une mise en examen, soit moitié moins qu'en 2010».

Une réalité «préoccupante»

Ces clercs sont dans leur immense majorité des prêtres, auxquels s'ajoutent quelques diacres. Certains des mis en examen sont en détention provisoire. En 2010, la CEF avait fait état de près de cent prêtres (sur environ 18.000) mis en examen (51) ou déjà condamnés (45), neuf étant incarcérés. 

Ces chiffres dessinent une réalité qui «n'est pas massive, même si elle reste préoccupante», a commenté auprès de l'AFP le porte-parole adjoint de la CEF Vincent Neymon.

2016 a été marquée par des révélations médiatiques en cascade concernant des suspicions d'abus sexuels. L'affaire la plus retentissante, celle du père Bernard Preynat, soupçonné d'avoir abusé de quelque soixant-dix jeunes scouts lyonnais, a écorné l'image du cardinal Philippe Barbarin, archevêque de Lyon, visé par des plaintes pour non-dénonciation classées sans suite l'été dernier.

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Entre 2010 et 2016, l’Église de France a procédé à «137 signalements de faits pédocriminels» auprès des parquets, selon l'enquête. Sur cette période, «222 victimes se sont manifestées» auprès des diocèses, souvent pour des cas anciens: plus de 60% des témoignages concernent des faits survenus avant 1970, 35% des actes commis entre 1970 et 2000, 4% des agressions perpétrées depuis.

«Sur cette question il faut qu'on soit parfaitement transparent, il n'y a aucune question d'image, ce que vivent les victimes est beaucoup trop grave», fait-on valoir à la CEF.

Pour l'association de victimes du père Preynat La Parole libérée, la démarche épiscopale «a plutôt l'apparence d'une opération de communication» qui ne «règle pas les problèmes de fond». «Il faut un dialogue sur cette omerta, ce vœu d'obéissance, cette chasteté, ce tabou de la sexualité dans l’Église : il y a là un terreau qui va attirer des gens qui sont en difficulté», confie à l'AFP son président, François Devaux.

La Parole libérée a mis en place ses propres outils de recension des témoignages, en soulignant qu'ils ne sont que «la face émergée de l'iceberg». Sur sa plateforme «Match», destinée à mettre en relation des victimes d'une même personne, «367 formulaires» ont été ouverts, dont 34% correspondent à des «agresseurs religieux».

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