Les négociations entre les collectifs guyanais et les ministres Matthias Fekl et Ericka Bareigts ont commencé samedi à Cayenne, et certains barrages ont été levés.
«Nous savons que la crise est profonde et touche tout un territoire», a déclaré le ministre de l'Intérieur Matthias Fekl devant une délégation d'une cinquantaine de personnes, reçue à la préfecture de région à Cayenne. Il y a un «besoin de réponses immédiates, mais aussi d'un travail au long cours», a-t-il poursuivi. Il a précisé que les engagements touchaient la sécurité, la justice, l'éducation ou la santé. Le total a été chiffré à 1,085 milliard d'euros par Ericka Bareigts, ministre des Outre-mer.
Dans une ambiance très calme, les représentants des Guyanais sont entrés samedi peu avant 10h00 (15h00 à Paris) à la préfecture, pour rencontrer les ministres. Une petite centaine de personnes s'étaient auparavant massées devant le bâtiment, dont des membres du collectif «500 hommes contre la délinquance», cagoule sur la tête, main dans la main, criant «dé-ter-mi-nés» avant d'entrer.
1,85 milliard d'euros investis
«Nous devons absolument être dans le rattrapage» sur les questions de l'électricité, du logement, du foncier, de la richesse ou encore de la jeunesse, a affirmé la ministre des Outre-mer. Les ministres proposent pour la région une série de mesures chiffrées à 1,85 milliard d'euros.
L'exécutif a déjà validé un certain nombre de décisions, telle la création d'un Tribunal de grande instance et d'un centre pénitentiaire à Saint-Laurent du Maroni, la deuxième ville du territoire. La fidélisation d'un escadron de gendarmes mobiles à Cayenne, et une aide de fonctionnement exceptionnelle de 20 millions d'euros pour l'hôpital de Cayenne ont également été actées.
#Guyane @MatthiasFekl @ebareigts saluent l'esprit de responsabilité des parties prenantes ds les échanges ac la délégat° interministérielle pic.twitter.com/oLABrb1RVh
— Ministère Intérieur (@Place_Beauvau) 28 mars 2017
Jeudi, après des discussions démarrées dans une ambiance franchement hostile, Mme Bareigts, critiquée pour avoir tardé à venir en Guyane, s'était excusée devant une délégation de Guyanais. Puis, juchée sur le balcon de la préfecture, mégaphone à la main, elle s'était adressée à la foule. «Au bout de tant d'années, c'est à moi que revient l'honneur de dire, au-delà de ma petite personne, au-delà des fonctions, toutes mes excuses au peuple guyanais», avait-elle lancé, en référence aux années de sous-investissement de Paris dans ce territoire.
Un début de satisfaction pour les Guyanais
Des propos qui avaient instantanément apaisé l'atmosphère. Alors que toute la journée de jeudi, des centaines de personnes avaient bravé une pluie battante pour hurler leur «détermination», seuls quelques dizaines d'Amérindiens étaient restés rassemblés vendredi matin. «On a retrouvé une certaine dignité, un supplément d'âme», a analysé Stéphane Lambert, le président du Medef de Guyane, qui soutient le mouvement.
Mickaël Mansé, un porte-parole des «500 frères contre la délinquance», dont les militants, toujours encagoulés, encadrent le mouvement social, a salué «une leçon d'humilité et de bon sens». Ericka Bareigts a «blessé le peuple», puis a eu «assez de recul pour s'excuser», a-t-il estimé.