La violente arrestation de Théo, jeune homme grièvement blessé par des policiers à Aulnay-sous-Bois, a donné lieu à de nombreuses manifestations, parfois émaillées d'incidents. La question des banlieues s'est ainsi imposée dans la campagne présidentielle.
L’association Ville & Banlieue, qui réunit une centaine d’élus aux considérations politiques diverses, a recensé les propositions des candidats sur le sujet, en distinguant plusieurs thématiques : l’éducation, le logement, l’emploi ou encore l’environnement urbain.
L’association, qui s'est donnée pour objectif de «réintégrer dans la République les 1.500 quartiers de la politique de la ville, et 4,8 millions d’habitants dont la moitié vivent en dessous du seuil de pauvreté», souhaite «parler de la situation des habitants, des citoyens, qui vivent en souffrance notamment à cause de la précarité et du chômage».
Favoriser la mixité sociale
Dans leur programme présidentiel, les politiques de droite comme de gauche ont choisi de mettre l’accent sur la mixité sociale. Pour favoriser cette dernière, François Fillon prévoit de supprimer «les aides à la construction de logements sociaux lorsqu’il y en a déjà plus de 30% dans la commune».
De son côté, Benoît Hamon sort la carte de l’éducation. «Cette politique sera axée sur la sectorisation, l’affectation et une contractualisation avec l’enseignement privé pour qu’il participe à l’effort de mixité sociale», assure le candidat PS.
Quant à Emmanuel Macron, il met lui aussi l’accent sur l’éducation en voulant mettre un terme au système d’école primaire unique. Comme le relaye ici Libération, l’une de ses mesures phares est de revoir l’offre proposée par les établissements scolaires en difficulté dans l’optique de «rétablir leur attractivité auprès des élèves les plus favorisés».
La banlieue : une zone de non-droit
Marine Le Pen et François Fillon s’entendent quant à eux pour privilégier les questions de sécurité et d’autorité. La candidate d’extrême droite défend l’idée d’un «plan de désarmement des banlieues concernées et de reprise en main par l’État des zones de non-droit», dans le but de «cibler les 5.000 chefs de bandes délinquantes et criminelles identifiées par le ministère de l’intérieur».
Quelques jours après avoir annoncé qu’elle soutenait «par principe» la police, Marine Le Pen avait dénoncé «la passivité du gouvernement» suite aux manifestations en soutien au jeune Théo.
#Bobigny, #Ulis, #Argenteuil : signez et partagez notre pétition « #JeSoutiensLaPolice » ! https://t.co/U8a6BWFxoj pic.twitter.com/BL0kJmzyfO
— Marine Le Pen (@MLP_officiel) 13 février 2017
A deux mois de l’élection présidentielle, la candidate frontiste a ainsi fait ressurgir le spectre de l’embrasement des banlieues que la France a connu en 2005.
La question policière
Concernant les mesures sécuritaires à mettre en place, Benoît Hamon veut augmenter les effectifs de 1.000 postes par an. Quant à Emmanuel Macron, il mise sur 10.000 postes.
L’ancien ministre de l’Economie a par ailleurs l’intention de mettre en place une police de sécurité quotidienne. De son côté, François Fillon souhaite «renforcer le rôle» des policiers municipaux.
Nos policiers et nos gendarmes font un métier difficile. Je veux les assurer de mon soutien total. #FillonCompiègne pic.twitter.com/ubZ7vXubyW
— François Fillon (@FrancoisFillon) 15 février 2017
Combattre les discriminations
Les candidats de gauche ont à cœur de répondre à la question des discriminations. Benoît Hamon, Yannick Jadot et Jean-Luc Mélenchon souhaitent lutter contre les délits de faciès, et plaident ainsi pour l’adoption d’un récépissé lors des contrôles d’identité, promis en 2012 par François Hollande mais jamais mis en place.
Jean-Luc Mélenchon, qui tient à aller encore plus loin, souhaite obliger le port du matricule pour les forces de l’ordre.