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La semaine de Philippe Labro : l’alchimie d’un succès, les miracles de la science

Pour arriver au second tour de la présidentielle, Emmanuel Macron a pu bénéficier jusqu'ici du fameux «alignement des planètes». [Eric FEFERBERG / AFP]

Philippe Labro est écrivain, cinéaste et journaliste. Chaque vendredi, pour Direct Matin, il commente ce qu'il a vu, vécu et observé pendant la semaine. Un bloc-notes subjectif et libre.

JEUDI 27 AVRIL

Quelques réflexions à la suite du vote si important de dimanche dernier : Emmanuel Macron a gagné le premier tour. Il n’est pas insensé d’imaginer qu’il a de fortes chances de gagner le second et de devenir, donc, le plus jeune président de la Ve République. Il n’est pas interdit, non plus, de mentionner, passée l’avalanche – que dis-je ? Le tsunami ! – de commentaires, celui, très bien cons­truit, d’une des meilleures éditorialistes politiques, Cécile Cornudet, dans Les Echos du 25 avril. Elle résume les trois «ressorts d’une ascension inédite». Premièrement, il a eu du nez. Deuxièmement, il a eu le courage de croire à son propre destin. Troisièmement, il a démontré un savoir-faire dans le marketing autant que dans la tactique. Elle ajoute aussi que Macron a eu de la chance. Mais ce mot est trop réducteur.

Un grand cliché du vocabulaire politique et médiatique avait vu le jour il y a déjà quelque temps : on avait découvert la formule de «l’alignement des planètes». Je crois me souvenir que c’est sous Hollande que cette belle expression était apparue. Cela signifiait qu’un certain nombre d’éléments (économiques, internationaux, sociaux…) étaient réunis pour que tout se passe enfin bien et que le quinquennat de Hollande, jusqu’ici difficile, reprenne de l’élan. Le toujours optimiste Michel Sapin adorait utiliser cet «alignement des planètes», c’est-à-dire un croisement heureux de circonstances positives. Le moins que l’on puisse dire, c’est que cet «alignement», qui faisait sourire Sapin, n’a servi à rien. 

Mais la formule demeure en ce qui concerne Macron : pour lui, les «planètes» se sont effectivement «alignées» : échec de Juppé, renoncement de Hollande, Hamon battant Valls à la primaire, Fillon s’embourbant dans les affaires. Le boulevard s’ouvrait alors, et Macron s’y est avancé de façon habile, méthodique, surprenante. Les «planètes» seront-elles encore au rendez-vous après le 7 mai, puis après les législatives ? On verra bien. Il va y avoir encore d’autres débats, polémiques, petites gaffes qui deviennent de grosses erreurs, arrangements, alliances, trahisons – La comédie humaine, de Balzac, revue et modernisée.

En attendant, si l’on connaît les deux finalistes (Emmanuel Macron et Marine Le Pen), on voit bien, aussi, qui a perdu. La droite, la gauche, les partis traditionnels, d’accord, mais dans la grande famille des «losers», ce mot américain signifiant perdant – devenu un mot culte (on parle parfois, en matière de cinéma ou de littérature de «loser magnifique») –, j’en retiens particulièrement deux.

D’abord, Jean-Luc Mélenchon, qui, par amertume sans doute («il se voyait déjà, en haut de l’affiche», comme le chante Aznavour) ou par déception destructrice, par démesure d’un ego blessé, a eu, dès l’annonce des résultats, une attitude et un langage ambigus, une «non-consi­gne» de vote qui a troublé jusqu’à ceux qui avaient cru en lui. Mais je vois un deuxième «loser», c’est Filteris, cette fameuse société canadienne de big data (utilisation de données massives, dont celles de Twitter et de Facebook), à laquelle se référaient fréquemment les partisans de Mélenchon et de Fillon, et dont on nous racontait qu’elle avait prédit le Brexit et la victoire de Trump, et qu’elle donnait Fillon largement en tête – et que Filteris ne se trompait pas. Eh bien !, ils se sont totalement trompés, à l’inverse des sondeurs français.

VENDREDI 28 AVRIL

Je vous recommande une lecture très prenante, celle des 30 histoires insolites qui ont fait la médecine, de Jean-Noël Fabiani (éditions Plon). Fabiani est l’un des plus remarquables chirurgiens cardio-vasculaires français, et c’est aussi un merveilleux conteur d’histoires, grâce à qui nous apprenons comment fut découverte la variole, comment fut réalisée la première transplantation rénale à partir d’un donneur vivant, les résultats de la découverte d’un champignon mystérieux en Norvège, ou encore comment ont été inventés les gants chirurgicaux. Cela va de l’an 399 avant J.-C. à nos jours. C’est tout simplement fascinant, instructif, et lisible par tous, puisque Fabiani sait raconter de façon fluide et attractive, et capte l’attention – qualités indispensables pour tout écrivain, qu’il soit chirurgien ou pas.

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