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Lors d’un procès pour violences conjugales, on lui reproche de faire chambre à part

La réaction sexiste du juge n’est pas passée inaperçue.[PHILIPPE DESMAZES / AFP]

Un magistrat du tribunal correctionnel de Nanterre (Hauts-de-Seine) a reproché mercredi à une victime de violences conjugales de s’être soustraite à son devoir conjugal, en faisant chambre à part.

«Tu vas finir entre quatre planches, je vais t'asperger d'essence et tu vas mourir brûlée vive», «tu repartiras en Tunisie entre quatre planches». L’avocate de la partie civile ne laisse planer aucun doute : «l’audition des enregistrements lors de l’audience était glaçante». Mercredi 31 mai, un homme de 48 ans était jugé en comparution immédiate au tribunal de grande instance de Nanterre pour «menaces de mort réitérée par conjoint». Des menaces dont sa campagne était victime «jour et nuit».

Déterminée à sortir de cette situation, la femme enregistre ces menaces répétées, collectant des éléments accablants. Face à ces preuves, l’homme ne cherche pas à nier les faits. Il justifie son attitude violente par le fait que le couple faisait chambre à part. Un argument qui a semblé recevable pour le juge, comme l’explique l’avocate de la victime : «Le magistrat s'est tourné vers ma cliente en lui disant 'oh si vous refusez le devoir conjugal'...», répétant trois fois le terme de devoir conjugal et expliquant qu’il avait été juge aux affaires familiales.

«On n’est plus dans les années 1960»

L’avocate avoue avoir été choquée par cette réaction : «Je lui ai dit monsieur le juge ça n'existe pas le devoir conjugal, on n’est plus dans les années 1960 ! C'est quoi cette notion ? Que la femme devrait se plier aux désirs de son mari ? Oui c'est un dérapage. Dans les cas de violences conjugales, le violent, l'agresseur dit toujours, 'c'est de ta faute', et là on redit à ma cliente c'est de votre faute madame, et c'est un juge, un président d'audience qui le lui dit.»

La réaction sexiste du juge n’est cependant pas passée inaperçue. Il a été convoqué par le président du tribunal de grande instance de Nanterre, après avoir été signalé par l’avocate de la victime, et encourt une sanction disciplinaire. Il risque ainsi de perdre la présidence des comparutions immédiates.

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