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Luc Barruet : «Solidays a une vocation sociale et éducative. Il faut se battre pour ça»

Luc Barruet est le directeur-fondateur de Solidarité Sida et initiateur de Solidays. Luc Barruet est le directeur-fondateur de Solidarité Sida et initiateur de Solidays.[© Laurent Attias / Solidays]

Depuis plus de vingt ans, Luc Barruet est un militant actif de la lutte contre le Sida. Fondateur de l'association Solidarité Sida en 1992, il envisage l'organisation d'un festival musical. Solidays nait sept ans plus tard, en 1999.

Près de deux décennies plus tard, ce festival parisien est toujours un succès et Luc Barruet toujours fidèle au poste. A quelques heures de l'ouverture de la 19e édition de Solidays, il revient sur son parcours, son engagement, sur l'histoire du festival et sur la suite, plus militant que jamais.

Tout le monde connait le festival Solidays, moins son histoire...

«Solidays, c'est d'abord une association, créée en 1992 : Solidarité Sida. Un véritable outil contre le Sida et la détresse humaine, qui a pour but de récolter des fonds pour cette lutte et de rappeler un certain nombre de messages autour de la prévention, des préservatifs... Ce sont également des actions sur le terrain, au Cameroun, aux Philippines... 

Solidays, c'est aussi créer des vocations. Des dizaines d'anciens bénévoles gravitent encore dans le milieu associatif. Ça fait partie de notre mission de favoriser une prise de conscience. Solidays sert également à interpeller. Ce week-end, avec le collectif Printemps solidaire, nous allons interpeller le nouveau président, afin que la France s'engage à consacrer 0,7 % de son PIB à l'Aide publique au développement. Solidays, ça sert à tout ça.»

Comment expliquez-vous le succès de Solidays ?

«Il y a un côté initiatique à Solidays, comme un lieu de pèlerinage où l'on vient se ressourcer et chercher des forces. Quand on vient à Longchamp, ce que l'on ressent est énorme. Tu es souvent surpris par l'esprit et l'ambiance, et tu te laisses gagner par le sentiment d'utilité. C'est également un succès à la fois grâce à son esprit, à son ambiance, à la qualité de son organisation et à la qualité de l'offre artistique. Solidays, ce sont sept scènes toutes les heures, avec plusieurs concerts en même

L'esprit, c'est de venir y chiner de nouveaux artistes et la plus grande richesse d'un festival, c'est ça. On a d'ailleurs déjà pris des risques à l'époque, avec Jeff Lang,  Xavier Rudd ou encore le groupe Skip the use, encore inconnu à l'époque.»

Solidays en chiffres, ça donne quoi ?

«- 4.000 personnes qui bossent sur le festival, dont 2 000 bénévoles

- Soit 47 équipes de bénévoles qui tournent tous les jours

- Un âge moyen de 22/23 ans chez les bénévoles

- 7 scènes installées sur 16 hectares de terrain

- 950 semi-remorques

- 9 km de barrières de 3 mètres chacune

- 80 concerts en 3 jours et 2 nuits

- 15 conférences

- 202.000 visiteurs en 2016, le record ! Dont 10 000 campeurs

- 2,5 millions d'euros dédiés à l'aide aux malades du Sida, et à la prévention.»

Vous n'êtes pas complets cette année, vous souffrez de la concurrence ?

«Chaque année, c'est un peu plus difficile. On est évidemment soumis aux règles ambiantes de la concurrence. Mais nos taris n'ont pas augmenté depuis dix ans, entre 39 et 89 euros pour les trois jours. C'est un vrai combat. On a vendu 28 000 billets dès l'ouverture de la vente, et on est complet le samedi.

Mais ce n'est pas impossible que le festival connaisse des difficultés à l'avenir. Il n'y a pas de place pour tout le monde. Les festivals indépendants par exemple, si on ne les aide pas, vont disparaitre. C'est légitime d'être inquiet, pour le militant que je suis. Je pense qu'il va falloir que l'on aille plus loin.

Pourtant, il n'y a pas d'équivalent en France que ce festival créé de A à Z par une association, avec une vocation sociale, citoyene et éducative aussi importante, le tout en étant profitable à l'aconomie sociale et solidaire. C'est un outil performant. Ça mérite de se battre pour ça, pour que les gens mesurent l'importance de ces valeurs.»

L'année prochaine, on fêtera les 20 ans de Solidays, qu'espérez-vous ?

«J'aurais aimé que cela soit la dernière, ce qui aurait été la preuve que la lutte contre le sida n'a plus lieu d'être. Laurent Voulzy avait dit : "J'espère un jour que le festival s'appellera Jolidays".

La 20e édition sera exceptionnelle, à notre niveau. Ça va nous demander beaucoup de travail, d'être créatifs et de trouver de nouvelles alliances, des mécènes, pour que le modèle puisse perdurer. On est conscient des réalités mais on espère ne pas se battre tout seuls.»

 

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