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Prison ferme requise contre une mère de jihadiste pour «financement du terrorisme»

La balance de la justice [Philippe Huguen / AFP/Archives] Le jugement sera rendu le 28 septembre. [Philippe Huguen / AFP/Archives]

Dix-huit mois d’emprisonnement ont été requis dans la nuit de mardi à mercredi à Paris à l'encontre de la mère d'un jihadiste présumé mort en Syrie, accusée d'avoir financé son dessein jihadiste en lui envoyant de l'argent, ce dont elle se défend.

Le procès de Nathalie Haddadi, conseillère commerciale en Alsace, s'est déroulé jusqu'à 04h du matin mercredi dans une atmosphère tendue, devant la 16ème chambre du tribunal correctionnel de Paris. Le procureur a requis un mandat de dépôt à son encontre, c'est à dire son incarcération immédiate.

Le jugement sera rendu le 28 septembre.

Si ce type de procès est rare, «ce n'est pas la première fois» qu'un parent de jihadiste comparaît pour financement du terrorisme, avait précisé le représentant de l'accusation en début d'audience.

Cette femme de 43 ans est accusée d'avoir payé des billets d'avion pour l'Algérie à son fils Belabbas Bounaga, qui y avait rejoint son père début novembre 2015 alors qu'il était visé par une interdiction de sortie du territoire français à l'issue d'une peine d'emprisonnement. Il est reproché à la prévenue, musulmane non pratiquante, de lui avoir ensuite payé d'autres billets d'avion et fait parvenir de l'argent alors qu'il voyageait en Malaisie.

De Malaisie, il avait rejoint Daesh en Syrie via le Golfe et, en août 2016, elle avait reçu un appel lui annonçant sa mort, à 21 ans.

«Double peine»

Avant l'ouverture de l'audience, Mme Haddadi, cheveux bruns et escarpins, avait dénoncé «une double peine», la perte d'un fils et ce procès. Quand cet enfant délinquant, radicalisé derrière les barreaux, était sorti de prison en juillet 2015, «j'avais peur» qu'il aille en Syrie, a-t-elle expliqué à la barre, voix fluette. «J'aurais pu sauver mon fils si j'avais eu de l'aide».

Elle a raconté l'avoir envoyé chez son père pour «le sauver» puis lui avoir adressé quelque 2.800 euros, notamment pour l'aider après une agression en Malaisie, mais à «aucun moment» n'avoir envoyé d'argent en Syrie ou financé son projet.

Pour le procureur, qui a déploré les «mensonges» et revirements de Mme Haddadi dans ce dossier, «elle était au courant des aspirations de son fils"-» lorsqu'elle lui a envoyé l'argent, mais a malgré tout aidé cet aîné «hypervalorisé» car «tout ce qu'il faisait était nécessairement bien».

Un an d'emprisonnement, dont six mois avec sursis, a été requis à l'encontre du frère cadet de Belabbas Bounaga, accusé de lui avoir fait parvenir de l'argent - issu du trafic de drogue. Pour la même raison, trois ans d'emprisonnement avec mandat de dépôt ont été requis contre le meilleur ami du jihadiste.

Contre Belabbas Bounaga, jugé par défaut en l'absence de certitude sur sa mort, le procureur a demandé dix ans de prison et un mandat d'arrêt.

Ambiance tendue

Le tribunal n'avait commencé à examiner le fond de l'affaire que vers 21h30 et l'ambiance s'était fortement tendue en fin de soirée lorsque l'avocat de Mme Haddadi, Me Hervé Denis, avait accusé la présidente Isabelle Prévost-Desprez de se montrer «odieuse» avec sa cliente, qui avait alors quitté la salle en sanglots, bégayant : «J'ai perdu la chair de ma chair».

«La plupart des parents, on est victimes de la radicalisation», a plaidé à la barre Véronique Roy, dont le fils Quentin est présumé mort en Syrie, citée comme témoin. «C'est ça qu'il faut combattre, c'est pas les parents».

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