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Pour avoir aidé des migrants, prison avec sursis pour un universitaire en appel

Cent à 200 militants s'étaient réunis devant le palais de justice pour soutenir ce chercheur de 45 ans, qui avait été relaxé en première instance par le tribunal correctionnel de Nice.[Yann COATSALIOU / AFP]

Un universitaire a été condamné lundi à deux mois de prison avec sursis par la cour d'appel d'Aix-en-Provence, pour avoir aidé et transporté trois jeunes migrantes érythréennes près de la frontière franco-italienne.

Cent à 200 militants s'étaient réunis devant le palais de justice pour soutenir ce chercheur de 45 ans, qui avait été relaxé en première instance par le tribunal correctionnel de Nice.

La cour d'appel, qui n'a pas détaillé les motivations de sa décision à l'audience, a reconnu coupable Pierre-Alain Mannoni d'avoir «facilité la circulation et le séjour» de ces migrantes.

Fin juin, l'avocat général avait requis trois mois de prison avec sursis à l'encontre de Mannoni, écartant «l'immunité humanitaire» dont il avait bénéficié en première instance au motif qu'il «était dans une contestation globale de la loi». «La justice condamne un geste d'humanité, c'est en contradiction avec les principes de la France», a réagi Pierre-Alain Mannoni, d'une voix blanche, après le prononcé de sa peine, annonçant qu'il allait se pourvoir en cassation.

Le 18 octobre 2016, Mannoni avait cherché à convoyer trois Erythréennes dans son véhicule depuis un centre de vacances SNCF occupé illégalement par des militants associatifs à Saint-Dalmas-de-Tende jusqu'à son domicile de Nice, mais s'était fait interpeller au péage autoroutier de La Turbie. Il avait expliqué vouloir permettre à ces jeunes filles de se faire soigner et aider par des associations à Marseille.

«J'ai secouru des personnes blessées, en détresse, c'est ce qu'il faut faire», a ajouté ce père de famille, en tee-shirt gris, jean et baskets vertes, soulignant qu'à l'époque il n'agissait pas en militant et qu'il ne regrettait «toujours pas» son geste.  «On veut dissuader, voire tuer la solidarité», a déploré son avocate, Maeva Binimelis.

Début août, dans un dossier symbolique du combat en faveur des migrants dans la vallée de la Roya, l'agriculteur Cédric Herrou avait été condamné, par la même cour d'appel, à 4 mois de prison avec sursis, la cour excluant toute immunité humanitaire au nom du caractère «militant» de ses actes.

La vallée de la Roya, dans les Alpes-Maritimes, connaît une intense mobilisation citoyenne en faveur des migrants, alors que l'Etat tente de juguler la pression migratoire à la frontière franco-italienne.

Depuis le début de l'année, quelque 33.000 migrants ont été remis aux autorités italiennes. Le tribunal administratif a épinglé à deux reprises ces six derniers mois la gestion de certains de ces dossiers par la préfecture des Alpes-Maritimes, la considérant responsable de violations du droit d'asile.

 

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