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Le Cytotec, médicament utilisé pour déclencher des accouchements, retiré du marché en 2018

Le  Cytotec des laboratoires Pfizer va être retiré du marché français [DOMINICK REUTER / AFP/Archives] L'agence du médicament avait déjà mis en garde, en 2013, contre les risques graves pour la mère et l'enfant (rupture utérine, hémorragie...) de cet usage. [DOMINICK REUTER / AFP/Archives]

Le Cytotec, un médicament contre l'ulcère de l'estomac, détourné pour déclencher des accouchements à terme au risque de la santé de la mère et de l'enfant, sera retiré du marché français à partir de mars 2018, a annoncé l'Agence du médicament.

«Le laboratoire Pfizer France nous a informés de sa décision de retirer du marché français son produit le Cytotec, largement utilisé en gynécologie hors AMM (hors des indications pour lesquelles il est prévu) qui sera effective le 1er mars 2018», a indiqué à l'AFP le Dr Christelle Ratignier-Carbonneil, directrice générale adjointe de l'Agence du médicament ANSM à l'occasion des 6e Etats généraux organisés, jeudi à Paris, par l'association le Lien de défense des patients.

«Le Cytotec, sur le marché depuis 1987 est très peu utilisé en gastroentérologie et l'est majoritairement en gynécologie», essentiellement pour l'IVG et le déclenchement artificiel de l'accouchement à terme, selon l'ANSM.

Le délai, a-t-elle précisé, permettra aux industriels qui commercialisent déjà les médicaments Gymiso et Misoone, contenant la même molécule, d'augmenter leur production afin de «sécuriser l'accès à l'IVG» médicamenteuse dont le nombre est 128.000 déclarées en 2015.

Le Cytotec qui se prend normalement par voie orale contient du misoprostol, une molécule qui appartient à la famille des prostaglandines. «Le misoprostol est un super produit qui rend de réels services», souligne le Dr Thierry Harvey gynéco-obstétricien, qui évoque son utilisation pour les fausses couches spontanées.

Risques graves pour la mère et l'enfant

Mais c'est le recours au Cytotec par voie vaginale pour déclencher l'accouchement à terme d'un enfant viable et les risques graves que cela comporte pour la santé de la mère et de l'enfant qui est un «scandale», estime l'association Timéo qui a milité pour son interdiction avec le soutien du Lien.

Cet usage détourné comporte en effet des risques de surdosage car il suppose d'utiliser un huitième du comprimé qui est dosé à 200 microgrammes, ce qui vu sa taille (moins d'un centimètre) est pour le moins hasardeux, relève le Dr Harvey «remonté comme un coucou» contre cette pratique dangereuse, motivée par des considérations financières. Le risque est d'entraîner des contractions trop fortes, et une mauvaise oxygénation du foetus, selon l'obstétricien.

L'agence du médicament avait déjà mis en garde, en 2013, contre les risques graves pour la mère et l'enfant (rupture utérine, hémorragie...) de cet usage. «Il faut modifier la loi pour pouvoir interdire des pratiques identifiées comme dangereuses», souligne Alain-Michel Ceretti, fondateur du Lien.

«Mon fils est resté entre la vie et la mort plusieurs jours, j'ai eu l'utérus complètement déchiré, je ne pourrais plus avoir d'autre enfant. Ce n'est pas possible de faire vivre cela à des femmes pour des raisons budgétaires», témoigne Aurélie Joux, fondatrice de l'association Timéo, du prénom de son enfant «né sous cytotec», surdosé, en novembre 2010.

Elle a depuis gagné un procès fin 2016 devant le tribunal administratif de Versailles, en 1ère instance, contre l'hôpital de Poissy pour le préjudice subi par son fils lourdement handicapé avec «sanction exécutoire» immédiatement. Sham l'assureur de l'établissement a fait appel, précise son avocat Serge Beynet.

«Pour faire des économies les hôpitaux préfèrent utiliser le Cytotec qui ne coûte quasiment rien. C'est juste scandaleux», s'insurge cette mère, qui, en plus des souffrances endurées, n' était pas informée des produits administrés pour déclencher son accouchement, alors que le terme était dépassé de trois jours.

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