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Un non et des questions

Le projet d’aéroport à notre-dame-des-landes est abandonné. [Photo Sipa / @Haley].

La décision prise par les autorités, en faveur d’un abandon, suscite déjà de très nombreuses interrogations.

Après l’arbitrage, les interrogations. Au terme de six mois de médiation, l’exécutif a choisi hier d’abandonner le projet controversé d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes (Loire-Atlantique). 

«Les conditions ne sont pas réunies pour (le) mener à bien», a tranché Edouard Philippe à la sortie du conseil des ministres, relevant une «opposition exacerbée de la population».

Une décision qui vient mettre fin à cinquante ans de lutte sur le terrain et de bataille juridique autour d’un dossier devenu le symbole, pour les défenseurs de l’environnement, des «grands projets inutiles» de l’Etat. Ce dernier va désormais devoir gérer toutes les conséquences de son choix.

Un abandon coûteux

Première inquiétude : le sort des quelque 200 occupants illégaux du site, les zadistes, qui ont salué une «victoire historique» de leur cause. 

S’exprimant hier soir au journal de TF1, Edouard Philippe a indiqué que les expulsions commenceraient le 30 mars, «pour respecter la trêve hivernale», s’ils ne sont pas partis d’ici là.

Un ultimatum que les détracteurs ont, pour l’heure, refusé. Dans l’immédiat, le Premier ministre les a sommés de débloquer les routes d’accès au domaine de 1.600 ha – ce qu’ils ont accepté. Au-delà des complications sur le terrain, l’abandon du projet va aussi avoir un impact sur les finances publiques.

L’Etat pourrait ainsi devoir verser jusqu’à 350 millions d’euros «d’indemnités de résiliation» au concessionnaire Vinci, en charge de la construction de l’aéroport depuis 2010. De même, sur le front de l’emploi, pas moins de 3 500 postes devaient être créés grâce à l’activité économique générée par le site.

Enfin, ce dossier se ferme, mais un autre s’ouvre. L’«alternative crédible» à Notre-Dame-des-Landes, à savoir l’agrandissement de l’actuel aéroport de Nantes-Atlantique, est en effet estimé entre 365 et 460 millions d’euros par l’Etat. «On repart pour dix ans» de débats et de travaux, a ainsi regretté un des élus opposés à cette option.

Des politiques partagés

Si elle est un signal fort pour la défense de l’environnement – et pour son ministre Nicolas Hulot –, la décision de l’Etat divise plus que jamais la classe politique. Les écologistes et la gauche radicale ont applaudi un choix «responsable», arraché grâce à une «résistance locale» tenace.

Mais les partisans de l’aéroport ont, de leur côté, dénoncé un «déni de démocratie» et une «trahison» du référendum local, qui avait débouché, le 26 juin 2016, sur un vote favorable à 55 %. Afin de protester contre la promesse non tenue du président de respecter ce scrutin, le député LREM de Loire-Atlantique, Yves Daniel, envisage même de rendre sa carte d’électeur.

Dans cette atmosphère, le choix de l’Etat pourrait avoir une dernière conséquence : ouvrir de nouveaux fronts de lutte contre d’autres grands projets d’aménagement sur le territoire.

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