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Photos d'exactions de Daesh sur Twitter : Marine Le Pen mise en examen

«Je suis mise en examen pour avoir dénoncé l'horreur de Daesh. Dans d'autres pays ça me vaudrait une médaille», a réagi Marine Le Pen. [AFP/ARCHIVES]

Marine Le Pen a été mise en examen jeudi pour avoir diffusé, en décembre 2015, de photos d'exactions de Daesh sur Twitter.

La présidente du Front national a été mise en examen pour «diffusion d'images violentes», délit passible de trois ans d'emprisonnement et 75.000 euros d'amende.

«Je suis mise en examen pour avoir dénoncé l'horreur de Daesh. Dans d'autres pays ça me vaudrait une médaille», a réagi auprès de l'AFP la cheffe de file de l'extrême droite. «La persécution politique n'a même plus la limite de la décence», a-t-elle affirmé.

Les faits datent du 16 décembre 2015, dans une France traumatisée par les attaques jihadistes à Paris et Saint-Denis le 13 novembre. Marine Le Pen avait alors tweeté des photos d'exactions de Daesh, en réponse au journaliste Jean-Jacques Bourdin qu'elle accusait d'avoir «fait un parallèle» entre Daesh et le FN.

Évoquant un «dérapage inacceptable» et des «propos immondes», Marine Le Pen avait posté sur son compte trois photos mentionnant l'animateur de BFMTV-RMC avec le texte «Daesh c'est ça !».

Les photos montraient un soldat syrien écrasé vivant sous les chenilles d'un char, un pilote jordanien brûlé vif dans une cage et une photo du journaliste américain James Foley, le corps décapité et la tête posée sur le dos.

Gilbert Collard avait quant à lui diffusé la photo d'un homme gisant au sol, le crâne défoncé, avec ce commentaire : «Bourdin compare le FN à Daesh : le poids des mots et le choc des bobos !»

Quelques semaines après les pires attentats jamais commis en France (130 morts, des centaines de blessés), ces publications avaient immédiatement soulevé un tollé au sein de la classe politique mais aussi au-delà.

Le parquet de Nanterre avait lancé le jour même une enquête pour «diffusion d'images violentes» suite à un signalement des clichés par le ministre de l'Intérieur d'alors, Bernard Cazeneuve, à la direction de la police judiciaire. Deux informations judiciaires distinctes avaient ensuite été ouvertes, l'une visant Mme Le Pen et l'autre M. Collard.

Immunités levées

Les propos ayant suscité l'ire de Marine Le Pen dataient d'une émission, le matin du 16 décembre, de M. Bourdin, qui interviewait le spécialiste du monde arabe Gilles Kepel.

Le journaliste avait déclaré : «Revenons sur Daesh. Je voudrais revenir sur les liens... euh... entre Daesh et le Front... enfin les liens, pas les liens directs entre Daesh et le Front national, mais ce repli identitaire, qui finalement est une communauté... d'esprit, parce que l'idée pour Daech c'est de pousser la société française au repli identitaire.»

Après les tweets de Mme Le Pen, M. Bourdin avait contesté avoir dit «que le FN était comme Daesh» et jugé la réaction du parti «hystérique».

Le lendemain, Mme Le Pen avait retiré l'une des photos après un communiqué indigné des parents de James Foley, «profondément choqués».

Dans les procédures visant Mme Le Pen et M. Collard, la justice s'appuie sur l'article 227-24 du Code pénal, qui punit la diffusion d'«un message à caractère violent, incitant au terrorisme, pornographique ou de nature à porter gravement atteinte à la dignité humaine» lorsque ce message est «susceptible d'être vu ou perçu par un mineur».

Ce délit est passible de 3 ans d'emprisonnement et 75.000 euros d'amende.

Dans ce cadre, le Parlement européen avait levé le 2 mars 2017 l'immunité parlementaire de Mme Le Pen, alors eurodéputée. Cette dernière ayant été élue en juin au parlement français, elle bénéficiait d'une nouvelle immunité mais elle a été levée en novembre par le bureau de l'Assemblée nationale.

Peu avant, le 27 septembre, ce même bureau avait levé l'immunité de M. Collard, député Rassemblement bleu marine (RBM) depuis 2012.

La patronne du FN, 49 ans, est par ailleurs mise en examen depuis fin juin 2017 dans l'affaire des assistants parlementaires européens pour «abus de confiance» et «complicité d'abus de confiance».

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