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L'antisémitisme sans fin

Une marche blanche est organisée pour Mireille Knoll mercredi 28 mars[©EREZ LICHTFELD/SIPA]

Le meurtre de Mireille Knoll, vendredi 23 mars, s’inscrit dans une série d'actes menés contre les juifs et illustre un fléau présent au quotidien.  

«Un crime épouvantable», «une horreur absolue», «une atrocité révoltante»... Une vague d’indignation a traversé, ce mardi, l’ensemble de la classe politique après le meurtre, vendredi dernier, de Mireille Knoll, une octogénaire juive rescapée de la rafle du Vel’ d’Hiv. Un acte qui aurait été commis par un voisin de la victime et par un ami de ce dernier.

Preuve du choc généré dans le pays, le Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF) a appellé à se mobiliser, mercredi, à Paris, lors d’une marche blanche, à laquelle doivent participer de nombreux responsables politiques. L’occasion de dénoncer cette attaque et, à travers elle, l’antisémitisme qui reste présent dans l’Hexagone.

La peur au quotidien

Le meurtre de Mireille Knoll s’inscrit dans une série d’actes qui ont visé, ces dernière années, la communauté juive. C’était le cas avec Sarah Halimi, assassinée à Paris en avril 2017. Mais aussi de la famille Pinto, agressée et séquestrée à Livry-Gargan (Seine-Saint-Denis) à la même période. Ou encore, plus récemment, d’un garçon de 8 ans, frappé car portant une kippa, en janvier, à Sarcelles (Val d’Oise). Si, selon le ministère de l’Intérieur, le nombre d’actes envers les juifs a diminué entre 2016 et 2017, passant de 335 à 311, les actions violentes ont, elles, augmenté, passant de 77 en 2016 à 97 en 2017. Des chiffres qui alimentent la peur que peuvent connaître les juifs de France au quotidien. «Les gens ne se sentent plus en sécurité. Ils ne vont plus porter leur kippa quand ils sont dans la rue», rapporte ainsi Mark Knobel, directeur des Etudes du CRIF. Un constat partagé par l’ex-président de SOS Racisme, Malek Boutih. «Si vous êtes juif, il faut le cacher. Vous ne pouvez pas mettre une mezouzah [un objet de culte juif] à l’extérieur de votre porte dans certains départements, dans certaines zones», a-t-il assuré sur France Inter.

Une crainte qui pousse certaines familles juives à mettre leurs enfants dans des écoles confessionnelles, à déménager de certains quartiers, voire à quitter le territoire. En 2017, pas moins de 4 000 Français ont ainsi fait leur alyah et sont partis vivre en Israël. Un chiffre qui fait suite au départ de 20 000 personnes entre 2012 (année des crimes de Merah) et 2014, et de 7 000 personnes en 2015, après l’attaque de l’Hyper Cacher. 

La réponse du gouvernement

Face à ce fléau, l’Etat n’entend pas rester silencieux. Quelques jours avant le meurtre de Mireille Knoll, le Premier ministre, Edouard Philippe, avait en effet présenté un plan national de lutte contre le racisme et l’antisémitisme, comprenant 21 mesures. Parmi elles, la lutte contre la haine sur Internet, avec l’obligation, pour les réseaux sociaux, d’avoir un représentant juridique en France. Mais aussi une meilleure éducation des enfants sur les mécanismes du racisme et de l’antisémitisme, un accompagnement renforcé des victimes, ou des actions de lutte dans différents champs (associations, sports, médias...).

Un défi immense, d’autant que la communauté juive n’est pas la seule touchée. En 2017, près de 518 actes racistes et 121 faits anti-musulmans ont eu lieu en France. «Il doit y avoir une solidarité nationale», plaide ainsi le directeur des Etudes du CRIF. Elle pourrait visible, dès aujourd’hui, lors de la marche blanche.

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