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L'anti-terrorisme en débat

L'attentat dans l'Aude a fait ressurgir la polémique sur l'arsenal anti-terroriste français. L'attentat dans l'Aude a fait ressurgir la polémique sur l'arsenal anti-terroriste français. [© CHRISTIAN HARTMANN / AFP]

Après l’émotion, l’heure des questions. Comme après chaque nouvelle ­attaque terroriste sur le sol français, l’attentat de vendredi dernier, dans l’Aude, perpétré par un délinquant fiché S, a ­relancé le débat sur les possibles failles de l’arsenal existant.

Car, alors que l’anti-terrorisme s’est régulièrement doté, ­depuis une dizaine d’années, de nouveaux outils pour lutter contre la menace jihadiste, l’interrogation reste la même : faut-il aller plus loin ? Près de six Français sur dix (58 %) le pensent, estimant que le gouvernement ne met pas en œuvre «tous les moyens nécessaires», selon un sondage Elabe.

Des propositions chocs

Si la gauche radicale, incarnée par Jean-Luc Mélenchon (LFI), a jugé que l’exé­cutif avait fait, «dans de telles circonstances, du mieux qu’[il pouvait]», de nombreux responsables politiques sont montés au créneau, dès le lendemain de l’attentat, qui a fait quatre morts, pour dénoncer la «naïveté» des autorités.

Au centre des inquiétudes, le sort des ­fichés S. C’est Marine Le Pen (FN) qui, la première, a préconisé cette semaine d’expulser du territoire «tous» les individus de nationalité étrangère soupçonnés de visées terroristes ou d’atteinte à la sûreté de l’Etat. Une proposition soutenue, dans la foulée, par Laurent Wauquiez. Le président de LR veut aller encore plus loin, en «internant les fichés S les plus dangereux», par prévention. En prenant exemple sur Israël, où la rétention administrative est légale, comme l’a rappelé le député LR Eric Ciotti.

Reste que les fichés S ne sont, par définition, «pas encore condamnés», relève François-Bernard Huygue, directeur de recherche à l’Iris. Il faudrait donc voter, pour permettre un tel système, «des lois d’exception».

Une autre piste a été évoquée par la présidente LR d’Ile-de-France, Valérie Pécresse. Rejetant un retour à l’état d’urgence, que certains préconisent, elle défend la déchéance de nationalité des binationaux. Envisagée après les attentats du 13 novembre par François Hollande, cette idée avait suscité de très vifs débats, avant d’être finalement abandonnée, fin 2016.

Quant à l’ancien Premier ministre PS Manuel Valls, il veut, de son côté, bannir le salafisme, courant ultrarigoriste de l’islam dont se revendiquent la plupart des jihadistes. Une position saluée par Wauquiez, qui souhaite créer, dans la même veine, un «délit d’incitation à la haine de la République». Une dernière solution serait d’interdire le retour en France de tous les «revenants», ces jihadistes repartis d’Irak et de Syrie, selon le président de Debout la République, Nicolas Dupont-Aignan.

L’Etat défend sa méthode

Malgré ces appels à un durcissement, l’Etat souhaite, pour l’heure, conserver sa stratégie. Rappelant que le «risque zéro» n’existe pas, surtout lorsqu’un ­individu agit seul, l’exécutif s’appuie sur la mise en place, en novembre, de la nouvelle loi anti-terroriste, validée hier par le Conseil constitutionnel. «Depuis 1985, il y a eu une dizaine de lois sur l’anti-terrorisme. Il ne me semble pas utile d’en faire une nouvelle», abonde François-Bernard Huygue.

Un avis partagé par la majorité parlementaire. «S’il suffisait de faire une loi pour régler un problème, ça se saurait», a ainsi souligné le patron des députés LREM, Richard Ferrand. Un problème qui soulève, plus que jamais, de nombreuses questions.

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