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CIA : audition à hauts risques au Sénat pour la candidate de Trump

La nouvelle directrice de la CIA Gina Haspel, nommée par Donald Trump, à Washington aux Etats-Unis, le 13 mars 2018 [Handout / Central Intelligence Agency/AFP/Archives] La nouvelle directrice de la CIA Gina Haspel, nommée par Donald Trump, à Washington aux Etats-Unis, le 13 mars 2018. [Handout / Central Intelligence Agency/AFP/Archives]

Gina Haspel, choisie par Donald Trump pour diriger la CIA, passe mercredi son grand oral devant le Sénat américain, une audition à hauts risques où elle devrait promettre d'empêcher la reprise de programmes de torture de l'agence de renseignement introduits après les attentats du 11-Septembre.

Cette maître-espionne de 61 ans, qui a passé 33 ans au sein de l'agence basée à Langley (Virginie), a créé la polémique pour avoir dirigé pendant au moins une partie de l'année 2002 une prison secrète de la CIA en Thaïlande, où les détenus suspectés d'appartenir à Al-Qaïda étaient fréquemment torturés.

Ces séances incluaient notamment des simulacres de noyade («waterboarding») qui ont été bannis par l'ancien président démocrate Barack Obama.

Plus tard, devenue haute responsable de la CIA, Gina Haspel a été impliquée dans la destruction de vidéos montrant des «interrogatoires renforcés», selon l'euphémisme utilisé par l'administration de George W. Bush.

«Je comprends que beaucoup à travers le pays veulent savoir quelles sont mes positions sur l'ancien programme de détention et d'interrogatoire de la CIA», prévoit de dire aux sénateurs Gina Haspel, selon un extrait de sa déclaration.

«Ayant servi pendant cette période tumultueuse, je peux vous assurer de mon engagement personnel et sans réserve, que sous ma direction la CIA ne reprendra pas un tel programme d'interrogatoire et de détention», devrait-elle encore déclarer devant la commission sénatoriale du Renseignement.

«Dure contre le terrorisme»

Gina Haspel bénéficie du soutien total de Donald Trump.

«Ma très respectée candidate pour diriger la CIA est saluée car elle a été et sera toujours DURE CONTRE LE TERRORISME !», a tweeté mardi le président américain.

Mais parmi les 13 membres de la commission sénatoriale du Renseignement (7 républicains, 6 démocrates), certains sont sceptiques.

Quatre démocrates (Kamala Harris, Dianne Feinstein, Ron Wyden et Martin Heinrich) ont demandé à Dan Coats, directeur du renseignement national, de rendre publics d'ici mercredi tous les documents classés secret-défense relatifs au rôle de Mme Haspel dans les programmes d'interrogatoire de la CIA.

Mme Feinstein s'est pour sa part inquiétée de la «promotion d'une personne si impliquée dans le programme de torture à la tête de la CIA, l'agence responsable de l'un des chapitres les plus sombres de notre histoire».

Depuis 2016, Donald Trump a eu des déclarations contradictoires sur la torture. Il la défend à titre personnel mais a conditionné un éventuel retour à un avis de son ministre de la Défense, Jim Mattis, qui y est opposé.

L'audition de confirmation débute à 09h30 locales (13h30 GMT) et une partie des débats devraient être publics.

Mme Haspel a fait plusieurs simulations avec son équipe pour se préparer à cet exercice et répondre aux questions sans divulguer d'informations confidentielles.

Le résultat de l'audition sera annoncé ultérieurement. Il influencera ensuite le vote -espéré par les républicains d'ici la fin du mois de mai- de la chambre haute du Congrès, où les républicains disposent d'une courte majorité (51 contre 49). Une éventuelle perte de voix dans le camp gouvernemental coûterait donc à Mme Haspel sa confirmation.

Cette éventualité avait provoqué une mini-crise, la candidate ayant proposé vendredi de renoncer à son poste selon la presse américaine, avant d'être persuadée par les conseillers de la Maison Blanche de continuer.

Fan de Johnny Cash

Cette photo tirée d'une vidéo d'octobre 2017 montre Gina Haspel lors d'une soirée à Washington. Un mystère entoure la femme nommée par Donald Trump à la tête de la CIA, du fait des années qu'elle a passées à oeuvrer dans la clandestinité pour l'agence</p>
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Cette photo tirée d'une vidéo d'octobre 2017 montre Gina Haspel lors d'une soirée à Washington. Un mystère entoure la femme nommée par Donald Trump à la tête de la CIA, du fait des années qu'elle a passées à oeuvrer dans la clandestinité pour l'agence [Handout / OSS Society/AFP/Archives]

L'inquiétude semble être liée à des documents inédits qui montreraient que la responsable a autorisé les programmes de torture avec davantage d'enthousiasme que précédemment imaginé.

Mais le président de la commission, le républicain Richard Burr, s'est dit confiant sur sa confirmation, soulignant le quasi-consensus sur sa capacité à diriger la CIA.

Il a également écarté la possibilité de voir déclassifier des documents concernant des actions clandestines.

La vie de Gina Haspel, apparue souriante, des cheveux bruns jusqu'aux épaules et vêtue d'une robe colorée en rencontrant lundi et mardi des sénateurs, est entourée de mystère, ayant fait l'essentiel de sa carrière au sein de services clandestins de la CIA.

Sa courte biographie mentionne que, fille d'un membre de l'US Air Force, elle a intégré l'agence de renseignement en 1985. Elle a gravi les échelons, passant d'officier traitant en Afrique à chef de poste en Europe et en Asie, jusqu'au centre antiterroriste de l'Agence, qu'elle rejoint le 11 septembre 2001, alors que plusieurs attentats à New York et Washington faisaient près de 3.000 morts.

Onze ans plus tard, elle a été nommée directrice adjointe des opérations clandestines mondiales, puis directrice-adjointe de la CIA en 2017. Elle doit succéder à Mike Pompeo nommé secrétaire d'Etat.

Elle parle espagnol, français, russe et turc, et aime le chanteur country Johnny Cash.

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