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Vidéosurveillance dans les abattoirs : l'Assemblée vote pour une expérimentation

Cette capture d'écran d'une vidéo fournie le 21 mai 2018 par l'association Anymal sur YouTube, montre un cochon abattu à l'abattoir municipal d'Alès (sud) [HO / ANYMAL/AFP/Archives] Cette capture d'écran d'une vidéo fournie le 21 mai 2018 par l'association Anymal sur YouTube, montre un cochon abattu à l'abattoir municipal d'Alès (sud) [HO / ANYMAL/AFP/Archives]

L'Assemblée nationale a voté dans la nuit de dimanche à lundi le principe d'une expérimentation de la vidéosurveillance dans des abattoirs volontaires pour veiller au bien-être animal, plutôt qu'une obligation de caméras, après de vifs échanges.

Les députés ont voté à main levée un amendement de Loïc Dombreval (LREM) au projet de loi agriculture et alimentation en faveur de cette expérimentation de caméras aux postes de saignée et de mise à mort, pour deux ans et avec l'accord des représentants du personnel. Ces vidéos seront consultables en interne, à des fins d'autocontrôle, et par les services vétérinaires.

Le ministre de l'Agriculture Stéphane Travert a donné un avis de «sagesse positif» à la mesure, qu'il a présentée comme un «compromis». «Je préfère que les inspecteurs vétérinaires accompagnent et (le cas échéant) sanctionnent plutôt que les installer derrière des écrans vidéos», a-t-il aussi lancé.

«Abandon scandaleux»

L'amendement d'Olivier Falorni (non-inscrit) qui prévoyait une obligation de la vidéosurveillance a été rejeté. Le député avait présidé en 2016 la commission d'enquête parlementaire sur les abattoirs, créée après les images chocs d'abattoirs diffusées par l'association L214, montrant des bêtes mal étourdies ou accrochées vivantes notamment.

«Régression et reniement», a accusé sur Twitter le député, au temps de parole très réduit, voyant dans l'expérimentation «un rideau de fumée grotesque». M. Falorni était parvenu à faire voter par l'Assemblée en janvier 2017 l'obligation de caméras dans les abattoirs, via sa proposition de loi sur le «respect de l'animal en abattoir», qui n'a jamais été adoptée définitivement.

L'Assemblée nationale «préserve l’opacité des abattoirs», a tweeté dans la nuit L214.

«Face à des vidéos d’abattoirs isolées mais qui nous heurtent tous, nous défendons une solution équilibrée pour le bien-être animal : formation & sensibilisation plutôt que stigmatisation d’une profession», a estimé le groupe majoritaire LREM sur le même réseau social.

Les abattoirs : un sujet controversé

Mais le sujet a divisé la plupart des camps. Porte-parole LREM, Aurore Bergé a ainsi estimé que «la transparence rétablit la confiance», ajoutant que «nous avons pris un engagement et nous devons nous y tenir», en référence à la promesse du candidat Macron de mettre en place cette vidéosurveillance dans les abattoirs. Au total, neuf députés LREM ont voté l'amendement Falorni.

«Est-ce qu'on veut un big brother ?», a interrogé à l'inverse leur collègue «marcheur» Nicolas Démoulin, demandant s'il faudrait également des caméras par exemple dans les établissements pour personnes âgées.

La droite s'est montrée également partagée, Éric Diard plaidant que la vidéo est un gage de «protection des salariés» mais Jean-Charles Taugourdeau évoquant un «engrenage hallucinant».

Les élus MoDem se sont dits favorables à une expérimentation permettant de «poser des jalons» notamment face à une opinion publique très favorable aux caméras.

Le projet de loi prévoit par ailleurs le doublement des sanctions en cas de mauvais traitements sur les animaux (portées à un an d'emprisonnement et à 15.000 euros d'amende), et la création d’un nouveau délit visant à réprimer les mauvais traitements envers les animaux commis dans les transports et les abattoirs.

Dans chaque abattoir, une personne responsable de la protection animale devra en outre être désignée. De plus les lanceurs d'alerte parmi le personnel seront protégés, ont voté les députés.

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