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Gilets jaunes : un geste de l'État face à la colère

Pour mettre fin à la crise, l’exécutif a accepté de faire des concessions. Seront-elles toutefois suffisantes ?

Trois semaines après le début de la fronde des gilets jaunes, le gouvernement a, pour la première fois, fait un geste ce mardi en direction des manifestants. Edouard Philippe a ainsi annoncé la suspension de plusieurs mesures fiscales, comme le réclame le mouvement. Des concessions destinées à «ramener l’apaisement et la sérénité dans le pays», a expliqué le Premier ministre lors d’une allocution télévisée, après les multiples scènes de violences survenues samedi dernier à Paris.

Des taxes en suspens

L’exécutif a, dans un premier lieu, décidé d’un moratoire de six mois sur la hausse des taxes sur les carburants prévue au 1er janvier, point de départ de la mobilisation des gilets jaunes. Car «aucune taxe ne mérite de mettre en danger l’unité de la nation», a martelé Edouard Philippe, qui a annoncé dans la foulée d’autres mesures visant à accroître le pouvoir d’achat des Français. Il s’est ainsi engagé à ce que les tarifs du gaz et de l’électricité n’augmentent pas pendant l’hiver, à l’inverse de ce qui était prévu. Le durcissement du contrôle technique automobile, qui devait entrer en vigueur en début d’année prochaine, a également été suspendu pour six mois.

«Nous voulons, dans ce laps de temps, mettre en œuvre des mesures d’accompagnement justes et efficaces», a indiqué le locataire de Matignon. Pour cela, il a fait savoir qu’une concertation locale serait organisée entre le 15 décembre et le 1er mars. Des reports qui «ouvrent la voie à un abandon de ces mesures», estime le politologue Philippe Moreau Chevrolet. Cette hypothèse rappellerait le sort de l’écotaxe. Cet impôt sur les poids lourds avait été enterré en 2016 après avoir été suspendu en 2014, à cause de la mobilisation des bonnets rouges, en Bretagne.

La grogne demeure

Malgré tout, cette main tendue pourrait ne pas suffire à calmer la grogne des gilets jaunes. «Ces annonces arrivent peut-être trop tard. On ne sait pas si le gouvernement est encore audible», selon Philippe Moreau Chevrolet. Jacline Mouraud, l’une des porte-parole du mouvement, qui n’est pas sûre de manifester samedi, a salué mardi un exécutif «qui prend enfin ses responsabilités», tandis que d’autres manifestants ont appelé à poursuivre les actions. C’est le cas de Benjamin Cauchy, autre figure des gilets jaunes, pour qui ce moratoire n’est «pas suffisant».

Alors que la grogne a gagné ces derniers jours le monde lycéen, la prudence reste donc de mise du côté des autorités. C’est pourquoi deux matchs de Ligue 1 (PSG-Montpellier et Toulouse-Lyon) et un festival électro, prévus ce week-end, ont été reportés, dans l’éventualité d’une nouvelle journée de violences.

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