À l'heure du bilan de cette sixième semaine de manifestation des «gilets jaunes», il semble que des incidents antisémites ou violents ont marqué la journée de samedi malgré la baisse de mobilisation générale constatée.
Le chant de la «quenelle» entonné à Montmartre
Un groupe de manifestants a en effet été filmé en train d'entonner le chant de la «quenelle», geste polémique inventé par l'humoriste Dieudonné il y a une dizaine d'années, sur les marches de Montmartre, dans le 18e arrondissement de la capitale.
A Montmartre, plusieurs gilets jaunes entonnent "La quenelle", chanson de l'humoriste antisémite Dieudonné pic.twitter.com/B0IySJFgzX
— Yahoo Actualités (@YahooActuFR) 22 décembre 2018
Un incident antisémite dans le métro
Un incident également lié à la «quenelle» a été rapporté par un journaliste de 20minutes sur son compte Twitter dans une série de tweets (autrement appelée «thread»).
Autour de 23h, un groupe d'hommes en gilets jaunes montent dans le métro et effectuent plusieurs fois le geste popularisé par Dieudonné. Alors qu'une vieille dame leur demande d'arrêter en raison du caractère antisémite du geste, les hommes s'en prennent verbalement à elle, lui ordonnant de dégager.
Quand la passagère leur explique que son père a été déporté à Auschwitz, les hommes lui répondent que les chambres à gaz n'ont jamais existé. Le journaliste raconte que personne n'a réagi dans la rame du métro pour défendre la vieille dame, lui y compris, lui laissant un grand sentiment de honte.
Un autre s'est ensuite mis à hurler : "dé-gage la vieille ! dé-gage la vieille ! dé-gage la vieille !" Son copain a enchaîné avec un bon vieux : "On est chez nous ! On est chez nous !" La petite vieille est retournée s'asseoir sous leurs insultes.
— Thibaut Chevillard (@TiboChevillard) 22 décembre 2018
La série de tweets partagée de nombreuses fois a été commentée par le ministre de l'Intérieur ce dimanche qui a qualifié la scène décrite d'«ignoble et insoutenable»
Ignoble et insoutenable.
Tout sera mis en œuvre pour identifier ces individus.
Ils doivent répondre de leurs actes abjects.
Couvert d’un gilet jaune ou caché derrière un pseudo sur Twitter, l'antisémitisme doit être combattu de toutes nos forces.https://t.co/HdVB1brcEB— Christophe Castaner (@CCastaner) 23 décembre 2018
Quelques heures plus tard, la préfecture de police a annoncé l'ouverture d'une enquête dont la Police Régionale des Transports de la préfecture de police de Paris est en charge.
Un policier contraint de sortir son arme sur les champs-elysées
En marge de l'Acte VI du mouvement des «gilets jaunes», la tension est également montée d'un cran aux abords des Champs-Elysées, où trois policiers ont été pris a partie vers 17h30.
L'un des fonctionnaires a dû sortir son arme pour éloigner des manifestants. Devant une foule de plus en plus hostile, l'une des motos des forces de l'ordre, laissée un temps sur place, a finalement été récupérée.
Le ministre de l'Intérieur, Christophe Castaner a salué samedi soir sur Twitter le professionnalisme des forces de l'ordre aperçues sur la vidéo.
Une attitude exemplaire face à des attaques inqualifiables.https://t.co/hQSRpe2iMe
— Christophe Castaner (@CCastaner) 22 décembre 2018
Une effigie d'Emmanuel Macron décapitée à Angoulème
À Angoulême (Charente), une effigie du président de la République Emmanuel Macron avait été décapitée dans la soirée de vendredi, lors d'une manifestation de «gilets jaunes». La préfète de la Charente, Marie Lajus, a signalé au parquet du tribunal de grande instance d'Angoulême la «mise en scène macabre».
Ces faits «portent gravement atteinte tant à la personne qu'à la fonction du président de la République» et sont «susceptibles d'être qualifiés pénalement», a précisé la préfecture dans un communiqué.
[Communiqué] - La préfète de la Charente a signalé au Parquet du tribunal de grande instance d'#Angouleme les faits graves survenus lors d'une manifestation des "gilets jaunes", hier soir au parc de Bourgines. pic.twitter.com/TCTvVKNhaM
— Préfète de la Charente (@Prefet16) 22 décembre 2018
La réaction du gouvernement
Le porte-parole du gouvernement Benjamin Griveaux a dénoncé samedi soir sur Twitter un visage «lâche, raciste, antisémite, putschiste» derrière les violences qui ont émaillé la mobilisation des «gilets jaunes».
«Donc, «on» lynche des policiers, «on» chante la quenelle de Dieudonné à Montmartre, «on» reprend les codes des années 30 pour renverser la République, «on» décapite l’effigie du président...», a écrit Benjamin Griveaux sur Twitter.
Donc, «on» lynche des policiers, «on» chante la quenelle de Dieudonné à Montmartre, «on» reprend les codes des années 30 pour renverser la République, «on» décapite l’effigie du président...
Derrière ces «on », un seul visage, lâche, raciste, antisémite, putschiste.
Stop.— Benjamin Griveaux (@BGriveaux) 22 décembre 2018
«Derrière ces «on », un seul visage, lâche, raciste, antisémite, putschiste. Stop», a poursuivi le secrétaire d'Etat auprès du Premier ministre.
Le Premier ministre, Edouard Philippe, a quant à lui fustigé dimanche dans un message posté sur Twitter «un simulacre de décapitation du chef de l'État... Des agressions d'une violence inouïe contre des policiers... Des gestes antisémites en plein Paris...».
Un simulacre de décapitation du chef de l’Etat… Des agressions d’une violence inouïe contre des policiers… Des gestes antisémites en plein Paris… Il est hors de question de banaliser de tels gestes qui doivent faire l’objet d’une condamnation unanime et de sanctions pénales.
— Edouard Philippe (@EPhilippePM) 23 décembre 2018