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«Où est Steve ?» : trois semaines après la disparition du jeune homme à Nantes, où en est l'enquête ?

Samedi dernier, un millier de personnes ont défilé dans le calme à Nantes en mémoire du jeune disparu. Samedi dernier, un millier de personnes ont défilé dans le calme à Nantes en mémoire du jeune disparu. [© JEAN-FRANCOIS MONIER / AFP]

Trois semaines après la disparition de Steve Maia Caniço pendant la Fête de la musique à Nantes, dans le contexte houleux d'une opération policière controversée, les recherches se poursuivent. Mais l'enquête judiciaire semble pour l'instant au point mort.

Le 21 juin dernier, vers 4h30 du matin, alors qu'une soirée techno bat son plein sur le quai Wilson, l'intervention de la police aux gaz lacrymogènes provoque une «panique» parmi les participants, à tel point que certains chutent dans la Loire. Au total, 11 personnes seront repêchées par les secours durant la nuit. Le jeune homme de 24 ans, qui se reposait près d'un sound system avant la charge policière, n'a plus donné signe de vie depuis ce moment de confusion et d'échauffourées entre fêtards et forces de l'ordre.

Serait-il tombé dans le fleuve ? La hiérarchie de la police a assuré qu'«aucune charge» n'a été menée pour «repousser les jeunes vers la Loire», et que l'enquête dira «pour quelle raison certains jeunes ont sauté à l'eau». Le ministre de l'Intérieur, Christophe Castaner, n'a pourtant pas écarté que la disparition de Steve soit «peut-être» liée à cette opération policière, sur laquelle il a dit vouloir faire «toute la transparence». Résultat, l'IGPN a été saisie pour enquêter sur les conditions de l'intervention policière.

Concernant l'évaporation du jeune homme, le parquet de Nantes a annoncé fin juin avoir ouvert une information judiciaire pour disparition inquiétante, et la police a diffusé sur Twitter un appel à témoin pour tenter de le localiser. En vain, pour l'heure. De son côté, le Défenseur des droits, Jacques Toubon, a décidé, ce mercredi 10 juillet, de se «saisir d'office» – autrement dit s'auto-saisir – afin d'enquêter sur la disparition du jeune homme.

#OuEstSteve ?

En parallèle, les actes d'hommage à Steve, éducateur de profession, se sont multipliés, tant sur le pavé que les réseaux sociaux avec le hashtag #OuEstSteve. Samedi 29 juin, un millier de personnes ont défilé dans le calme à Nantes en mémoire du jeune disparu. «Où est Steve ?», «Arrêt des violences policières, on ne meurt pas pour quelques notes de musique» ou «La Free [organisateur de l'événement] pleure un de ses enfants», pouvait-on lire sur des pancartes brandies par des manifestants.

La mobilisation de la société civile pourrait-elle faire avancer les investigations en mettant la pression sur les autorités ? Des associations ont en effet annoncé cette semaine avoir déposé une plainte collective contre X – au nom des 85 personnes qui participaient à la fête sur le quai ce soir-là, dont au moins deux sont tombées dans la Loire – pour «mise en danger de la vie d'autrui et violences volontaires par personne dépositaire de l'autorité publique». Quelque 140 témoignages ont été recueillis, selon les associations.

En déposant ainsi plainte, les associations entendent obliger le parquet à mener une enquête judiciaire, plus large, sur les conditions d'intervention de la police ce soir-là, et non pas seulement sur la disparition de Steve. Selon Marianne, leurs avocats comptent poser plusieurs questions au procureur. L'intervention des policiers pour faire cesser la musique était-elle appropriée, alors que le concert finissait ? Y a-t-il eu réellement des jets de projectiles en direction des forces de l’ordre ? Et quand bien même, la riposte de la police, à cet endroit en bords de Loire, était-elle proportionnée ? S'il est établi que non, l'enquête pourrait alors prendre un nouveau tournant, alors que les réactions politiques restent jusqu'à présent rarissimes.

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