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A la rentrée, les trois quarts des élèves mentent en remplissant leur fiche de renseignements

L'étude a été menée à la rentrée 2017 auprès de 758 lycéens des filières générales et techniques. [FRED DUFOUR / AFP].

Une récente étude s'est intéressée aux fiches de renseignements que les professeurs distribuent aux élèves à chaque rentrée scolaire. Selon celle-ci, il apparaît que 74 % des élèves ne sont pas sincères. Et si les raisons sont diverses, elles tiennent plus à la pudeur qu'au mensonge éhonté et assumé.

Menée par la chercheuse en Sciences de l'Education Audrey Murillo à la rentrée 2017 auprès de 758 lycéens des filières générales et techniques, l'étude révèle en effet que 77,5 % des jeunes sont avant tout gênés par les questions posées.

«Ils n’ont pas forcément envie de mentir, mais pas forcément non plus envie de se livrer et de dire toute la vérité», analyse ainsi la spécialiste, citée par Ouest-France, qui pointe avant tout un souci d'image que les élèves craignent de renvoyer.

Car chez 58 % d'entre eux c’est bien «l’impression donnée à l’enseignant» qui les contrarie.

Les questions sur la famille sont les plus intrusives

A commencer par les questions sur leur famille (professions des parents, nombre de frères et sœurs…) qui sont considérées comme gênantes pour 45 % des jeunes.

«Inconsciemment, le prof peut avoir un préjugé avant même de faire connaissance, si on vient du centre-ville ou d’un quartier défavorisé, c’est pas pareil», a d'ailleurs confié l'un des élèves à la chercheuse.  

Dans une moindre mesure, les questions les plus gênantes sont celles relatives aux projets scolaire ou professionnel des élèves (citées par 36 % des sondés) ou celles concernant leurs loisirs, passions, lectures (24 %).

Censées donner un éclairage quant au profil et à l'environnement des élèves, les fiches de renseignements ne donnent donc qu'un éclairage partiel, pour ne pas dire biaisé, de leurs élèves.

De là découlent de véritables stratégies de leur part pour compléter ces fiches «sans se dévoiler complètement aux enseignants», commente encore Audrey Murillo.

Mais de ces stratégies, la chercheuse tire encore un autre enseignement et pas des moindres. En effet, dit-elle, «les élèves ne sont pas égaux dans la mise en place de ces stratégies : les plus socialement et scolairement favorisés sont ceux qui maîtrisent le mieux ce qu’ils communiquent, ou non, aux enseignants.»

Un renforcement des inégalités

Un constat qu'elle a pu établir avoir recueilli les «vraies» confidences des lycéens et qui lui a permis par ailleurs de mettre en évidence une double-inégalité :

«Les élèves les mieux dotés socialement et scolairement, sont également les plus habiles pour donner d’eux-mêmes une image valorisée. Les élèves les moins favorisés, eux, tentent de compenser certains handicaps perçus - principalement liés à la situation familiale -, mais ne perçoivent pas toujours que d’autres informations tels leurs loisirs peuvent être plus ou moins valorisées par leurs enseignants.»

Une dissimulation qui, au final, peut générer des inégalités d'autant plus grande du fait de l'effet «Pygmalion». Identifié depuis longtemps par les chercheurs, il définit le fait qu’un professeur persuadé de la possibilité de réussite scolaire d’un élève va inconsciemment mieux l’aider à y parvenir.

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