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Réforme des retraites : pourquoi la grève des avocats perdure-t-elle ?

La grève des avocats, déterminés à défendre leur régime autonome de retraite, entre, ce lundi 3 février, dans sa cinquième semaine. Retour sur un conflit qui s'enlise, mettant à mal le fonctionnement des tribunaux.

Dans le cadre de la réforme voulue par Emmanuel Macron, visant à mettre en place un sytème universel de retraite par points, le régime spécial des avocats, comme la quarantaine d'autres qui existent aujourd'hui en France, est amené à disparaître.

Selon l'argumentaire du gouvernement, dans le futur système, «1 euro cotisé donnera les mêmes droits quel que soit le moment où il a été versé et quel que soit le statut de celui qui a cotisé». Une thèse à laquelle n'adhèrent pas du tout les avocats pour qui ce nouveau système universel constitue même une véritable menace envers leur profession.

«Notre position, c'est ‘Non’ au régime universel. Notre régime autonome a fait ses preuves depuis plus de 50 ans», a ainsi fait savoir, dès le départ, Christiane Féral-Schuhl, présidente du Conseil national des barreaux (CNB), qui représente les 70.000 avocats français. De son côté, Estellia Araez, présidente du Syndicat des avocats de France (SAF), avait quant à elle vanté un système qui est «vertueux car excédentaire, égalitaire et solidaire».

la profession craint une hausse des cotisations

D'une façon générale, les professionnels estiment que, si la réforme passe, les cotisations que les avocats doivent verser à leur caisse de retraite vont doubler «pour au moins un professionnel sur deux», avait expliqué Christiane Feral-Schuhl.

Avec leur retraite, les avocats sont sûrs de percevoir au minimum 1.416 euros par mois, met en avant Estellia Araez. Mais, après la réforme, ce seuil tomberait à 1.000 euros, alors que les cotisations, elles, doubleraient, passant de 14 à 28 % pour ceux qui gagnent moins de 40.000 euros par an. «Cela va se répercuter sur nos honoraires», avait prévenu la syndicaliste, n'excluant pas, de fait, une révision à la hausse des tarifs.

Le gouvernement, avec en première ligne le Premier ministre Edouard Philippe et la garde des Sceaux Nicole Belloubet, a pourtant depuis apporté des garanties à la profession en expliquant que des dispositifs de compensation, inscrits dans le texte voté au Parlement, seraient bien prévus au moins jusqu'en 2029. Sans aucun effet pour calmer la grogne, la défiance des robes noires ne faisant que croître au fil des semaines.

A titre d'exemples, en septembre, des milliers d'avocats (20.000 selon le CNB) avaient ainsi manifesté à Paris contre la réforme. Et le 5 décembre, une journée «justice morte» a même été organisée. A Lyon, les avocats avaient quant à eux été appelés à participer à une assemblée générale puis à un rassemblement. 

Dans l'intervalle, dans de nombreuses juridictions, la grève des avocats a lourdement paralysé le fonctionnement de la justice. Au tribunal judiciaire de Bobigny, déjà surchargé, des affaires pénales qui devaient être jugées en janvier ont été renvoyées en mars et d’autres en septembre. 

Une réunion à Matignon était prévue, dimanche 2 février, pour tenter une nouvelle fois une issue à la crise. Sans garantie de succès toutefois tant l'impasse semble totale et les positions irréconciliables.

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