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Sécheresse : la France déshydratée

Un champ de tournesols brûlé par le soleil près d'Uzès, dans le Gard, qui fait partie des 85 départements concernés par des mesures de restriction d'eau. Un champ de tournesols brûlé par le soleil près d'Uzès, dans le Gard, qui fait partie des 85 départements concernés par des mesures de restriction d'eau. [Pascal GUYOT / AFP]

Une situation alarmante. La majeure partie de la France est frappée, depuis plusieurs semaines, par la sécheresse. Un manque de pluie qui frappe de plein fouet les agriculteurs, alors que le phénomène risque de devenir habituel à l’avenir.

Il touche aussi bien la province que Paris, où il n’a pas plu depuis vingt-neuf jours, ce qui en fait déjà la troisième période de temps sec la plus longue depuis 1900, selon La Chaîne Météo. Les trente-six jours consécutifs de juillet 1976 pourraient même être battus, si les prévisions des prochains jours se confirment. Dans le même temps, 85 départements sont concernés par des mesures de restriction d’eau, selon le site gouvernemental Propluvia, et beaucoup sont en situation de crise.

Des effets catastrophiques

Les conséquences d'une tel manque d’eau se font d’ores et déjà brutalement ressentir. D’autant plus qu’il s’agit déjà du deuxième épisode depuis le début de l’été 2019, après celui de juillet. Premiers touchés, les agriculteurs, qui scrutent désespérement le ciel depuis des semaines. «C’est l’alerte rouge», lance Christiane Lambert, présidente de la FNSEA. «Les éleveurs sont obligés de nourrir leur bétail avec le fourrage qui était stocké pour l’hiver à venir, et les récoltes de fruits et légumes sont amputées par le manque de pluie», déplore-t-elle.

Il y a d’autres conséquences concrètes, puisque 14 000 agriculteurs assurés chez Groupama ont déjà déclaré des sinistres liés à la sécheresse et sollicité un remboursement, a indiqué le 6 septembre dernier l’assureur, qui représente plus de la moitié des surfaces agricoles assurées en France. «On dépasse les 100 millions d’euros de dégâts», affirme Christiane Lambert.

L’inquiétude est également de mise en ce qui concerne les nappes phréatiques. Leur niveau au 1er septembre était en effet «généralement très inférieur» à celui de 2018 à la même période, a mis en garde le Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM). Certaines communes, en Corrèze ou dans le Puy-de-Dôme, font même appel à des camions-citernes pour alimenter le réseau d’eau potable, soit car le manque se fait ressentir, soit par crainte d’une future pénurie.

La sécheresse pourrait par ailleurs avoir un autre effet, plus inattendu : la hausse du nombre de maisons fissurées. Des dégâts liés au mouvement des sols argileux, qui se rétractent sous l’effet d’une pluviométrie réduite puis gonflent avec le retour des pluies d’hiver. Plus de 3 000 communes avaient été touchées par ce problème à cause de la sécheresse de 2018.

Le réchauffement en cause

«Il va probablement falloir s’habituer à ce genre d’épisodes secs», prévient de son côté le météorologue Guillaume Séchet, fondateur du site Météo-villes.com. Un phénomène déjà observable. «32 des 39 derniers mois ont été en déficit pluviométrique», souligne-t-il.

Le désastre devrait s’aggraver à cause du réchauffement climatique car, comme le dit Météo France, il «renforce l’intensité et la durée des sécheresses des sols, du fait de l’augmentation de l’évaporation liée à la hausse des températures».

Ce qui nécessite de repenser la gestion de l’eau. Le gouvernement a ainsi annoncé qu’il allait mettre en place d’une «soixantaine» de retenues d’eau sur le territoire entre 2019 et 2022, pour mieux gérer l’irrigation. Avec l’objectif que l’or bleu manque moins dans les années à venir.

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