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Pesticides, traités de libre-échange... Les agriculteurs en colère ce mardi dans toute la France

La FNSEA et les Jeunes Agriculteurs (JA) prévoient notamment des opérations de péages gratuits. [JEAN-PHILIPPE KSIAZEK / AFP].

«France, veux-tu encore de tes paysans ?». C'est sous ce slogan saisissant que le syndicat agricole majoritaire du secteur, la FNSEA, associée aux Jeunes Agriculteurs (JA), appelle à une journée d'actions à travers toute la France, ce mardi 8 octobre, afin d'exprimer le malaise et la colère du monde paysan.

Pour tenter de faire plier le gouvernement sur plusieurs dossiers-clés, comme celui concernant l'utilisation des pesticides ou ceux relatifs aux accords de libre-échange tel le CETA entre l'Union européenne et le Canada, éleveurs et producteurs prévoient ainsi de mettre en place plusieurs blocages routiers au niveau national.

Programmés entre 11 h et 14 h, ceux-ci constitueront un nouveau test pour l'executif, déjà mobilisé sur plusieurs fronts sociaux, avec la crainte de dérapages, dans un climat de plus en plus pregnant d'exaspération. 

ne pas passer pour des «empoisonneurs»

«Le but n'est toutefois pas d'empêcher les gens d'aller travailler», tempère la fédération des Jeunes Agriculteurs d'Ile-de-France, qui indique qu'elle souhaite avant tout «se faire entendre».

Dans la région capitale, alors que plusieurs centaines d'agriculteurs sont attendus, les agriculteurs ne prévoient ainsi de ne pas immobiliser les automobilistes sur le boulevard périphérique.

Des blocages ciblés, associés parfois à des opérations de «péages gratuits» sont néanmoins prévus en plusieurs points-clés, notamment le long de l'autoroute A10 en direction de Paris (sortie 11 : Allainville aux Bois), ou encore sur l'A13, toujours en direction de la capitale (Sortie 12 : Buchelay ; liste complète disponible ici

Dans la lignée des actions déjà mises en place depuis deux semaines, dites des «feux de la colère», le mécontentement du monde paysan quant à la proposition du gouvernement d’instaurer une distance minimale entre les habitations et les zones d’épandage de produits phytosanitaires devrait, à nouveau, être au cœur de la mobilisation. 

Alors que plusieurs municipalités ont, ces dernières semaines, pris des arrêtés visant à interdire l'utilisation de pesticides sur leur commune, les professionnels se disent «exaspérés de passer pour des empoisonneurs».

Tentant de trouver un consensus, le gouvernement a lancé, début septembre, une consultation sur un projet de fixer à 5 ou 10 mètres les distances minimales entre habitations et zones d’épandage, sans toutefois calmer la grogne des agriculteurs.

Cette enquête a recueilli d'après Le Monde 50.000 avis et le ministère de la transition écologique devrait en publier une synthèse à la fin de ce mois avant de prendre une décision définitive. 

Un CETA qui ne passe toujours pas

Autre sujet de mécontentement, les accords de libre-échange, et plus particulièrement le CETA, un texte adopté dans la douleur en juillet dernier par une majorité divisée.

Pour les éleveurs, cet accord de libre-échange entre l'Europe et le Canada revient à demander à l’agriculture française de respecter des contraintes qui ne sont pas exigées en retour.

Dans des campagnes déjà très éprouvées par la sécheresse et la canicule, l’adoption du texte a ainsi donné lieu à une explosion de colère devant des permanences de députés, et certaines d'entre elles ont même été symboliquement «murées».

Si le traité doit maintenant être soumis au vote du Sénat, là encore la colère des éleveurs ne retombe pas. Une situation qui inquiète jusqu'au sommet du pouvoir.

Des gilets jaunes... et verts ?

Jusqu'à présent, le monde agricole s'était dans son ensemble plutôt tenu à l'écart des gilets jaunes. Mais les 17 milliards d'euros lâchés par le gouvernement après les violences du mouvement ont propagé l’idée que l’on n’obtient rien par les moyens classiques.

Alors qu'en moyenne deux agriculteurs mettent quotidiennement fin à leurs jours en France, le suicide étant devenu la deuxième cause de mortalité dans la profession après le cancer, un soulèvement de «gilets verts» n'est pas à exclure. 

Dans ce contexte, la visite surprise d'Emmanuel Macron au sommet de l’élevage, à Cournon, dans le Puy-de-Dôme, vendredi 4 octobre, est loin d'être anodine. « Je serai à vos côtés», a-t-il promis aux agriculteurs. Affaire à suivre.

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