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Militaires tués au Mali : les boîtes noires des deux hélicoptères ont été récupérées

Treize militaires français de l'opération Barkhane ont trouvé la mort lundi soir au Mali dans la collision de deux hélicoptères engagés dans une mission de combat contre des jihadistes, dans un contexte sécuritaire alarmant au Sahel. Les boîtes noires des deux hélicoptères ont été récupérées, selon le colonel Frédéric Barbry, porte-parole de l'état major des armées.

«Les deux boîtes noires des hélicoptères ont été récupérées, elles seront remises aux autorités compétentes à des fins d'analyse», a déclaré M. Barbry. 

Interrogé sur la radio France Inter, le chef d'état-major des Armées, le général François Lecointre, a précisé que, «dans les prochains jours, les boîtes noires vont parler».

«Je ne sais pas exactement ce qui s'est passé», a-t-il ajouté, «mais une opération militaire au Sahel, c'est toujours un exercice de très haute couture (...) qui exige une coordination extrêmement fine, dans des conditions toujours difficiles, dans des conditions de combat».

«Cela peut plus facilement ou plus certainement mener à des risques ou des accidents», a-t-il ajouté, précisant qu'il ne faisait pas de doute que ces treize officiers et sous-officiers «sont morts au combat» et non dans un simple accident.

Deux hélicoptères, un Tigre et un Cougar, sont entrés en collision durant une opération de combat contre des jihadistes lundi soir dans le sud du Mali, causant la mort de 13 militaires, une des plus grandes pertes pour l'armée française depuis l'attentat contre le QG français Drakkar à Beyrouth en 1983, qui avait fait 58 morts.

Le colonel Barbry a pour sa part précisé que les conditions de vol durant cette opération étaient «extrêmement compliquées».

«Les nuits sont classifiées de 1 à 5, 1 pour les plus claires jusqu'à 5 pour les plus noires. Une nuit de niveau 5 (comme c'était le cas ici, ndlr) c'est une nuit sans lune, éventuellement avec une couverture nuageuse, qui rend les conditions de vol extrêmement difficiles. Les pilotes œuvrent avec des jumelles de vision nocturne qui intensifient la lumière résiduelle quand il n'y a pas de lune, pas de sources de lumière artificielle comme des villes, comme c'est le cas dans cette région», a encore expliqué le colonel Barbry.

Celui-ci a également déclaré que les «hélicoptères de l'armée française ne sont pas équipés de systèmes anti-évitement, ce qui n'aurait pas de sens dans la mesure où justement ces hélicoptères sont prévus pour voler en patrouille».

Un drame en pleine opération de combat

Il s'agit du plus lourd bilan humain essuyé par les militaires français depuis le début de leur déploiement au Sahel en 2013, et l'une des plus grandes pertes de l'armée française depuis l'attentat du Drakkar au Liban en 1983, qui avait fait 58 morts.

L'accident est survenu lundi soir pendant une «opération de combat» dans le Liptako, dans la région de Ménaka, aux confins du Mali, Niger et Burkina Faso, où la force antijihadiste française Barkhane mène régulièrement des opérations contre les groupes armés, dont le groupe Etat islamique Grand Sahara (EIGS).

«Ces treize héros n'avaient qu'un seul but : nous protéger», a réagi sur Twitter le président français Emmanuel Macron, qui, dans un communiqué, a parallèlement salué «avec le plus grand respect la mémoire de ces militaires de l'armée de terre, six officiers, six sous-officiers, et un caporal-chef, tombés en opération et morts pour la France dans le dur combat contre le terrorisme au Sahel».

«Cette terrible nouvelle endeuille nos armées, la communauté de défense et la France toute entière», a déclaré la ministre des Armées, Florence Parly, en précisant qu'«une enquête (a été) ouverte afin de déterminer les circonstances exactes de ce drame».

«C'est l'Europe toute entière qui est en deuil»

Le gouvernement du Mali et le président du Burkina Faso, Roch Marc Christian Kaboré, ont exprimé mardi via les réseaux sociaux leur solidarité avec la France, dont les militaires combattent les jihadistes aux côtés de leurs armées nationales.

«C'est l'Europe toute entière qui est en deuil, car au Mali comme ailleurs c'est l'armée française qui défend l'honneur et la sécurité de l'Europe», a de son côté réagi le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker.

Parmi les victimes figure le fils de l'ancien ministre et sénateur centriste français Jean-Marie Bockel, a confirmé ce dernier à l'AFP. Sept des militaires tués appartenaient au 5ème régiment d'hélicoptères de combat de Pau (sud-ouest), et quatre autres au 4ème régiment de chasseurs de Gap (sud-est).

«Engagés au sol depuis quelques jours, des commandos traquaient un groupe de terroristes, décelés quelques heures plus tôt, qui évoluaient en pick-up et à motos. Très rapidement, ils ont été renforcés par des hélicoptères et une patrouille de Mirage 2000», a détaillé l'état-major des Armées dans un communiqué.

«Un hélicoptère Cougar, avec à son bord six commandos de montagne et un chef de mission, a alors été engagé pour coordonner l'ensemble des moyens, tout en étant en mesure d'intervenir pour assurer 'l'extraction immédiate' d'un élément au sol», ajoute le texte.

«Vers 19h40, pendant la manoeuvre destinée à préparer l'engagement de l'ennemi, l'hélicoptère Cougar et un (hélicoptère) Tigre sont entrés en collision, s'écrasant à courte distance l'un de l'autre. Aucun des militaires embarqués n'a survécu», précise l'état-major.

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