L'Assemblée nationale a retoqué ce jeudi 30 janvier la proposition d'instaurer un congé de deuil de 12 jours pour les parents dont un enfant décède, les oppositions dénonçant une «mesquinerie» dans un débat qui s'est rapidement envenimé.
Le rapporteur du texte, Guy Bricout (UDI-Agir), avait souligné que les 5 jours actuels n'était «pas à la hauteur» pour «reprendre pied suite à la mort d'un enfant» et en appelant à l'«humanité» de ses collègues pour passer à 12 jours. Il a rappelé que chaque année en France, 4.500 enfants meurent avant d'avoir atteint la majorité.
En réponse, Sereine Mauborgne (LREM) a défendu la «possibilité pour l'employeur de créer un compte de don», la ministre du Travail Muriel Pénicaud mettant aussi en avant un «élan de solidarité» avec le don de RTT pour un collègue endeuillé.
Mais les oppositions sont montées au créneau, disant leur «honte» du refus de la majorité d'étendre le congé, à l'instar de Pierre Cordier (apparenté LR). «On parle de la tragédie des tragédies», «douze jours, je pensais que ça passerait comme une lettre à la poste», a lancé l'insoumis François Ruffin, dénonçant une majorité «mesquine».
Un député (de droite) propose d'allonger de 5 à 12 jours le congé des parents lorsqu'ils perdent un enfant. Sur le sujet je pensais qu'il n'y aurait pas de FI, pas de LR, de Modem, pas de En Marche. Et que nous dit la ministre? "Ca va pénaliser les entreprises." La honte sur eux. pic.twitter.com/2ZQAkZpO9H
— François Ruffin (@Francois_Ruffin) January 30, 2020
C'est une conception de la solidarité nationale «qui m'échappe», a encore jugé Moetai Brotherson, membre du groupe à majorité PCF, tandis que l'ex-LREM Agnès Thill a raillé «une humanité à géométrie variable» chez ses ex-collègues. Jean-Christophe Lagarde (UDI-Agir) a dit son «incompréhension», estimant que ce congé devait être «pris en charge par la nation» et pas renvoyé à des dons entre collègues.
Muriel Pénicaud lui a répondu que le texte centriste tel que rédigé ne reposait pas sur la solidarité nationale, mais sur un congé «payé 100% par l'entreprise».
Après le rejet – par 40 voix contre 38 – Brigitte Kuster (LR) a tancé une majorité «incapable d'écouter». «Quand on s'achète de la générosité à bon prix sur le dos des entreprises, c'est quand même un peu facile», lui a répondu Sereine Mauborgne (LREM), suscitant de vives protestations dans l'hémicycle.
En revanche, la proposition de don de RTT a été adoptée.