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Une ville du Loiret rompt ses liens avec sa jumelle polonaise devenue «zone sans LGBT»

En juillet 2019, déjà, l'hebdomadaire polonais Gazeta Polska, proche du gouvernement conservateur, avait distribué des autocollants portants la mention «zone sans LGBT» avec l'un de ses numéros.[Janek SKARZYNSKI / AFP]

Après 20 ans de gemellité sans nuage, l'homophobie a eu raison de la relation entre les villes jumelles de Saint-Jean-de-Braye (Loiret) et Tuchów (Pologne). Les élus français reprochent à cette dernière d'avoir voté une décision pour se déclarer «libérée de l'idéologie LGBT+».

Le phénomène s'étend de manière inquiétante en Pologne puisque plus de 80 municipalités ont suivi le chemin de cette petite ville du district de Tarnów. A tel point que des artistes et militants ont créé un «atlas de la haine» : une carte interactive permettant de recenser ces «zones sans LGBT+».

Le texte voté en mai 2019 par le conseil municipal de Tuchów parle de «guerre idéologique» et évoque des «radicaux voulant la révolution culturelle en Pologne», qui «attaquent la liberté de parole, l’innocence des enfants, l’autorité de la famille et de l’école ainsi que la liberté des entrepreneurs».

Les élus de cette commune du sud de la Pologne entendent ainsi «tout faire pour refuser l’accès aux écoles à tous les dépravateurs intéressés par la sexualisation précoce des enfants polonais en vertu de soi-disant standards de l’Organisation Mondiale de la Santé».

Selon eux, il s'agit de «protéger les enseignants dans leur travail éducatif et les entrepreneurs dans leur choix d’employés ou de partenaires» contre ce qu'ils appellent le «politiquement correct» ou l'«homopropagande».

Une prise de position à laquelle Vanessa Slimani, maire de Saint-Jean-de-Braye, ne veut pas être associée. Dans un voeu voté à l'unanimité lors du dernier conseil municipal, les élus de cette ville du Loiret dénoncent la «démarche homophobe» instiguée selon eux par «le parti polonais Pis (Droit et justice)», actuellement au pouvoir en Pologne.

L'équipe municipale abraysienne rappelle qu'en décembre 2019, «le Parlement européen a voté en majorité un texte exhortant les autorités polonaises à révoquer les résolutions prises par un grand nombre de leurs comtés, districts ou municipalités qui se sont déclarés "Libérés de toute idéologie LGBT+"». Un vote resté sans effet.

«Les populations LGBTI sont dénoncées comme une menace pour l’identité polonaise, s'indignent les élus de Saint-Jean-de-Braye. Elles sont attaquées verbalement et physiquement.»

Puisqu'elle ne peut pas briser le serment de jumelage, Vanessa Slimani, en faisant voter ce voeu, demande aux élus de Tuchów «des explications sur les raisons qui les ont conduits à adopter une résolution contraire aux droits de l’Homme» ainsi que la révocation de cette décision anti LGBT+.

«Nous réaffirmons que les droits de l’Homme doivent s’appliquer sans discrimination à chaque être humain, indépendamment de son orientation sexuelle ou de son identité de genre, plaide l'équipe municipale de Saint-Jean-de-Braye. Nous demandons que les libertés individuelles de tous s’appliquent sans entrave.»

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